Les cours du pétrole ont reculé pour la troisième journée consécutive mardi à New York, souffrant de la peur d'un éventuel afflux de pétrole iranien sur le marché et du raffermissement du dollar.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a perdu 1,08 dollar à 47,60 dollars à la clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a également reculé, de 1,18 dollar à 55,11 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

Le marché a évolué au rythme des informations filtrant des pourparlers entre l'Iran et les grandes puissances à Lausanne sur le programme nucléaire de Téhéran. «Les attentes d'avoir un accord, qui mettra plus de pétrole sur le marché, ne semblent plus en vue», a expliqué Gene McGillian, chez Tradition Energy, à un moment où le recul des cours ne se comptait qu'en une vingtaine de cents.

Les déclarations venues en cours de journée d'un haut négociateur iranien, Hamid Baïdinejad, faisant état de «questions non résolues» dans ces discussions tout en ouvrant la porte à une poursuite des discussions au-delà de l'heure limite de minuit (20 h 00 heure de Montréal) n'ont guère apporté d'éclaircissements.

Un accord de principe avec l'Iran pourrait mener à une levée des sanctions, mais à un horizon qui n'est pas encore clair.

Les spécialistes de Commerzbank, citant des sources dans le milieu des armateurs, ont affirmé que «l'Iran a au moins 30 millions de barils de pétrole à bord de superpétroliers».

«En d'autres termes, il peut mettre sur le marché un million de barils par jour supplémentaires pendant au moins un mois si les sanctions sont levées (grâce à un accord sur le nucléaire), sans même avoir besoin d'accroître sa production», ont-ils précisé.

Le dollar joue

Un tel afflux de pétrole, dans un contexte où les cours sont déjà déprimés par la surabondance de l'offre, ne pourrait que pousser encore les cours à la baisse, alors qu'ils ont décliné de plus de moitié depuis juin.

Toutefois, Matt Smith, chez Schneider Electric, a assuré que toute levée des sanctions n'entraînerait qu'«un retour lent et graduel de la production (iranienne) sur le marché mondial dans l'année qui vient, le temps qu'elle passe de ses 2,8 millions de barils par jour actuels à environ 800 000 barils de plus comme avant les sanctions».

Autre facteur de baisse, le raffermissement du dollar et l'affaiblissement de l'euro, lié aux difficultés des négociations entre la Grèce et ses créanciers. L'euro valait 1,0745 dollar vers 19 h 00 GMT (15 h 00 heure de Montréal), contre 1,0825 dollar lundi soir. Tout raffermissement du dollar pénalise les acheteurs munis d'autres devises.

Enfin le marché s'attendait à découvrir mercredi dans le rapport gouvernemental sur les réserves aux Etats-Unis une nouvelle hausse de la production américaine, qui ne ferait que confirmer l'actuel déséquilibre entre l'offre surabondante et la demande.

«Vu cette liste (de facteurs baissiers), nous sommes surpris que le marché ne tombe pas plus bas», écrivait Tim Evans pour Citi.

Pour M. McGillian, «il y a des informations venant du Yémen selon lesquelles les rebelles (chiites Houthis) se rapprochent du détroit stratégique (de Bab al-mandeb)», ce qui apporte un peu de soutien aux cours.

Ce détroit entre la mer Rouge et le Golfe d'Aden qui séparent l'Afrique de la Péninsule arabique est un point stratégique sur l'une des plus grandes routes du commerce maritime mondial.