Les cours du pétrole ont bondi jeudi à New York, les inquiétudes géopolitiques sur le Moyen-Orient faisant passer au second plan toutes les considérations sur la surabondance de l'offre.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a pris 2,22 dollars, soit une progression de 4,5%, pour s'établir à 51,43 dollars à la clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), au plus haut depuis plus de trois semaines.

L'intervention de l'Arabie Saoudite au Yémen, à la tête d'une coalition militaire destinée à contrer l'avancée de rebelles chiites qui pourraient menacer une des grandes routes maritimes du commerce mondial, a déclenché un mouvement d'achat à New York comme à Londres.

«C'est vraiment une réaction à ce qui se passe au Proche-Orient», a déclaré Bart Melek, chez TD Securities. «On s'inquiète que cela puisse empirer».

«C'est un peu une réaction réflexe», a-t-il ajouté, en mettant en garde contre un retournement du marché. «Ça va finir pour se retourner, dans les grandes largeurs», a-t-il dit, «il faut juste attendre que ça se calme un peu au Moyen-Orient».

Car sur le fond, rien n'a changé pour ce qui est de la surabondance de l'offre par rapport à la demande, comme l'a montré mercredi le rapport sur l'état des stocks aux États-Unis, qui a montré une progression bien supérieure aux attentes.

Cependant, le conflit au Yémen dépasse largement le contexte de ce seul pays, dont les ressources pétrolières sont modestes. «Il y a une inquiétude que le conflit puisse provoquer une escalade dans la rivalité entre chiites et sunnites, et entre l'Iran et l'Arabie Saoudite», a expliqué Tim Evans, chez Citi.

«Toutfois le marché ne se rend pas complètement compte que la probabilité de ce scénario, qui pousserait fortement à la hausse des cours, est très réduite».

Selon lui, «le scénario le plus probable c'est une poursuite de la production, avec un retour au calme des marchés quand il deviendra clair que le conflit restera contenu dans les frontières du Yémen».

En tout état de cause, a-t-il ajouté, même la prise de contrôle du détroit stratégique de Bab al-Mandeb par les miliciens chiites houthis ne ferait que «rallonger les temps de transit plutôt que d'interrompre les approvisionnements, car les pétroliers feraient le tour de l'Afrique».