La baisse du prix du pétrole ne rend pas l'hydroélectricité québécoise moins attrayante, estime le gouverneur du Vermont, Peter Shumlin, qui croit au contraire que cette ressource aura un rôle de plus en plus grand à jouer dans l'approvisionnement énergétique de l'est des États-Unis.

En conférence de presse avec le premier ministre Philippe Couillard, lundi, M. Shumlin a estimé que les États de la Nouvelle-Angleterre, dont le Vermont, doivent trouver de nouvelles façons d'importer des quantités plus importantes d'hydroélectricité en provenance du Québec.

Selon lui, cette ressource a un «rôle essentiel» à jouer au Vermont, qui importe annuellement jusqu'à 225 mégawatts d'hydroélectricité et qui a vu son unique centrale nucléaire cesser ses activités récemment.

«Nous travaillons actuellement avec les autres gouverneurs [de la région], a dit M. Shumlin, en marge de la Conférence Nord électrique. Les discussions doivent s'élargir afin de trouver comment nous pouvons acheminer davantage d'hydroélectricité vers notre région.»

L'été dernier, au New Hampshire, lors d'une réunion des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l'est du Canada, M. Couillard avait rappelé à ses homologues que le Québec - qui dispose d'importants surplus - était disposé à les approvisionner en hydroélectricité.

S'il souhaite une augmentation des importations, M. Shumlin n'a toutefois pas voulu se prononcer sur la faisabilité de projets d'interconnexion comme le Northern Pass (New Hampshire), le New England Power Link (Vermont) ainsi que le Champlain Express (New York) qui permettraient d'exporter davantage d'hydroélectricité vers les États-Unis.

«Ce que nous devons faire, comme gouverneurs, c'est de nous assurer de sélectionner les bons projets, a-t-il observé. Assurons-nous de ne pas avoir trop [d'infrastructures].»

Le gouverneur s'est contenté de rappeler que le Vermont avait conclu des ententes avec le Québec depuis plus de 30 ans en ce qui a trait à l'hydroélectricité, ce qui, selon lui, place l'État dans une situation avantageuse par rapport à d'autres régions de l'est des États-Unis n'ayant rien signé.

En 2010, la province et le Vermont avaient entre autres signé une entente en matière d'approvisionnement valide pour une période de 26 ans.

«Plusieurs États dans notre région sont aux prises avec d'importantes hausses de prix parce qu'ils n'ont pas d'ententes comme nous», a dit M. Shumlin.

Lac Champlain: entente reconduite

En compagnie d'un représentant de l'État de New York, MM. Couillard et Shumlin - qui en étaient à leur troisième rencontre en moins d'un an - ont également reconduit l'Entente de coopération en matière d'environnement relative à la gestion du lac Champlain, signée pour la première fois en 1988.

Le document a été bonifié puisqu'il comporte une collaboration transfrontalière élargie en matière de prévention, de la prévision et de l'atténuation des impacts des inondations du bassin versant du lac Champlain et de la rivière Richelieu.

«Il y a deux éléments nouveaux, soit la question des inondations, mais également la création de comités de citoyens des régions concernées, qui auront leur mot à dire» dans ce dossier, a dit M. Couillard.

Rappelant les inondations de 2011 ayant touché Saint-Jean-sur-Richelieu et les environs, le premier ministre a notamment estimé qu'un meilleur partage de données entre le Québec, le Vermont ainsi que l'État de New York aurait pu permettre aux habitants de mieux se préparer.

M. Shumlin a par ailleurs plaidé pour un élargissement des relations avec le Québec, le plus important partenaire commercial du Vermont, avec des échanges totalisant près de 4,6 milliards de dollars. De 2010 à 2014, les échanges commerciaux entre les deux partenaires ont progressé de près de 40 %, a par ailleurs souligné M. Couillard.

Le premier ministre du Québec et le gouverneur du Vermont semblent par ailleurs partager des intérêts communs par rapport aux dossiers économiques et environnementaux.

M. Shumlin, qui dit avoir côtoyé trois premiers ministres québécois, a estimé que M. Couillard était celui ayant abordé le plus souvent la question des changements climatiques.

Les deux hommes participaient en soirée à une discussion à l'Université du Vermont.