Les prix du pétrole ont nettement rebondi vendredi, bénéficiant d'un accès de faiblesse du dollar et d'achats spéculatifs liés à l'expiration du contrat de référence à New York, dans un marché toujours inquiet d'une offre excessive.

Le prix du baril de «light sweet crude» WTI) pour livraison en avril, dont le contrat expirait vendredi, a pris 1,76 dollar à 45,72 dollars à la clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), faisant oublier sa baisse de la veille.

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a gagné 89 cents à 55,32 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Beaucoup d'investisseurs sont passés à l'achat quand le dollar a vraiment décroché», et, en ce qui concerne le WTI, «certains ont en outre rééquilibré leurs positions en raison de l'expiration du contrat pour avril», a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy.

La force du billet vert, qui subit d'importantes fluctuations depuis une décision monétaire américaine en milieu de semaine, pénalise le marché pétrolier, car elle rend moins intéressants les échanges, libellés en dollar.

«Si l'on prend un peu de recul, le marché reste à peine au-dessus de ses plus bas niveaux depuis six ans, et il n'a pas enregistré de changement fondamental, donc les prix devraient rester sous pression», a tempéré M. McGillian.

Le marché pétrolier est surtout préoccupé du niveau très élevé de l'offre mondiale, qui a largement contribué à faire baisser de plus de moitié les cours depuis juin dernier, jusqu'à leur faire atteindre en début de semaine leur plus bas niveau depuis mars 2009.

«Le rebond d'aujourd'hui est fragile et n'a pas de lien avec la réalité du marché», a renchéri Tim Evans, de Citi. «L'équilibre de l'offre et de la demande est toujours défavorable, en partie à cause de la hausse persistante des réserves américaines de pétrole brut.»

La semaine dernière, les réserves américaines ont de nouveau bondi à leur plus haut niveau depuis 1930, à 458,5 millions de barils, tandis que la production a elle aussi atteint un niveau record, à 9,4 millions de barils par jour.

Enjeux iraniens

Néanmoins, selon un chiffre publié vendredi par le groupe parapétrolier Baker Hughes, le nombre de puits en activité a baissé cette semaine de 41 unités aux États-Unis.

Depuis plusieurs semaines, ce décompte se traduit systématiquement par un déclin, ce que certains analystes présentent comme le signe d'une baisse prochaine de la production, qui contre toute attente ne s'est pas encore manifestée.

«L'activité de forage aux États-Unis a énormément baissé, mais l'impact sur la production a été faible jusqu'à maintenant», ont cependant noté les analystes de PVM qui ont également estimé que la production de pétrole de schiste allait résister, car les coûts de forage baissent et la productivité des puits augmente.

Dans le reste du monde, «le marché fait aussi face à une hausse de l'offre irakienne», avec 2,66 millions de barils par jour exportés du sud du pays depuis le début du mois, ont rapporté les experts de Commerzbank.

Également au sujet du Proche-Orient, «le marché va essayer de déterminer si l'on s'approche d'un accord avec l'Iran, et ce que cela pourrait signifier pour l'offre de pétrole», a annoncé Phil Flynn, de Price Futures Group.

Les grandes puissances et l'Iran reprendront mercredi prochain leurs négociations sur le programme atomique de Téhéran, après une semaine de tractations qui n'ont pas permis de sceller d'accord avant l'échéance du 31 mars.

«Un accord sur le nucléaire iranien va libérer des barils qui arriveront sur les marchés, même si les sanctions ne sont pas levées avant plusieurs mois», ont prévenu les analystes de PVM.