Les cours du pétrole se sont tassés mercredi à New York et ont monté à Londres, le marché se résignant à une nouvelle hausse des réserves américaines de brut, qui maintient le statu quo sur une offre élevée.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en avril a perdu douze cents à 48,17 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), toujours sous le seuil des 50 dollars.

À Londres, le prix du baril de Brent a en revanche gagné 1,15 dollar à 57,54 sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le marché a plutôt bien résisté au rapport publié aujourd'hui par le département de l'Énergie (DoE) sur les réserves américaines», a jugé Gene McGillian, de Tradition Energy.

Selon Washington, les réserves de brut ont monté de 4,5 millions de barils à 448,9 millions la semaine dernière, ce qui marque un nouveau record depuis 84 ans mais n'a pas surpris les analystes qui tablaient sur une progression de 4,6 millions.

Ce côté prévisible ne doit pas faire oublier «qu'avec ce nouveau record de stocks, les conditions d'offre et de demande restent assez mauvaises pour le WTI», a cependant prévenu Gene McGillian.

La production américaine de brut a d'ailleurs aussi franchi un record, au moins depuis le début en 1983 des statistiques du DoE sur le sujet, à 9,366 millions de barils par jour (mbj) la semaine dernière.

De plus, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, centre-sud des États-Unis), qui servent de référence au WTI ont accéléré leur hausse, après un net ralentissement la semaine précédente, gagnant 2,3 millions de barils.

«Les stocks de Cushing s'approchent de leur record historique et la production aux États-Unis continue de progresser malgré la baisse du nombre de puits de forage,» a souligné Ole Hansen, analyste de Saxo Bank.

Le dollar pèse toujours

«Si on prend un peu de recul, on voit que le marché continue de se consolider après avoir atteint ses plus bas niveaux depuis six ans» en janvier, a renchéri Gene McGillian. «Ce qui l'a conduit là, c'est l'excès d'offre, et cela n'a pas changé pour le moment.»

Les cours ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis juin, et le mouvement a notamment été accentué par la décision en novembre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de s'abstenir d'abaisser son plafond de production.

Signe que c'est le niveau élevé de l'offre américaine qui a pesé mercredi sur les cours du WTI, ceux du Brent londonien, pour lesquelles les préoccupations sont moins locales, ont enregistré une bien meilleure performance.

«Le Brent profite de sa sensibilité aux tensions géopolitiques et de l'espoir que la demande va être stimulée par le programme de rachats d'actifs (lancé lundi par) la Banque centrale européenne (BCE)», a précisé Gene McGillian.

En dehors des interrogations sur l'offre, le marché pétrolier a été une nouvelle fois pénalisé mercredi par «le dollar, qui continue à atteindre des sommets face à l'euro (et au yen, à la livre sterling, au real...)», a rappelé Matt Smith, de Schneider Electric.

Le dollar, qui bénéficie de la perspective d'un resserrement de la politique monétaire américaine, affecte par sa force les échanges pétroliers, car ils sont libellés en billet vert et deviennent donc moins avantageux.