Les cours du pétrole ont un peu monté lundi à New York, réduisant l'écart de prix qui les sépare de l'or noir coté à Londres, dans un marché freiné par la force du dollar et le pessimisme persistant sur l'excès d'offre.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en avril a gagné 39 cents pour finir pile sur le seuil des 50 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Il se rapprochait ainsi du cours du baril de Brent, qui a baissé de 1,20 dollar à 58,53 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) à Londres. Les deux barils avaient enregistré une différence de prix de plus de douze dollars au cours de février.

«Les fluctuations des derniers jours ont avantagé le Brent, mais maintenant, la tendance s'inverse», a remarqué Kyle Cooper, de IAF Advisors.

«Je ne saurais vraiment pas comment expliquer l'avancée des cours du WTI aujourd'hui, et je me casse un peu la tête pour la justifier, car je ne vois pas d'autre facteur qu'une hausse de Wall Street», où le Dow Jones gagnait près de 1%, a-t-il reconnu.

Beaucoup d'analystes estiment en effet que le marché pétrolier, sur lequel les cours ont perdu environ la moitié de leur valeur depuis juin, manque toujours d'éléments de soutien, face au niveau toujours élevé de l'offre et, dernièrement, à un nouveau renforcement du dollar.

«Le pétrole entame la semaine... les yeux vers le bas», a jugé Matt Smith, de Scheider Electric. «Le dollar est extrêmement fort, encouragé par le lancement de l'assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), et par la perspective de plus en plus précise d'une hausse des taux américains en milieu d'année.»

La force du dollar, qu'une hausse des taux américains rendrait plus rémunérateur pour les cambistes, nuit au marché pétrolier, sur lequel les échanges sont libellés en monnaie américaine.

Le marché «résiste»

Sur le plan de l'offre, les craintes de surabondance ne semblent pas être calmées par les affrontements en Libye, malgré des «titres de presse alarmistes, selon lesquels des islamistes ont exécuté les gardiens de sites pétroliers et pris en otages des travailleurs étrangers», a rapporté Tim Evans, de Citi.

Les autorités philippines ont annoncé que quatre de leurs ressortissants et cinq autres étrangers avaient été enlevés lors d'une attaque contre le champ pétrolier al-Ghani (sud de la Libye), imputée par des sources libyennes aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Les effets des derniers troubles en date restent toutefois incertains, car «on ne sait pas si la production de pétrole brut du pays est tombée plus bas que les 400 000 ou 500 000 barils par jour annoncés en début de semaine dernière», a précisé Tim Evans.

Le marché n'a pas semblé non plus trouver un franc soutien dans une nouvelle baisse du nombre de puits de forage en activité aux États-Unis, annoncée vendredi par le groupe Baker Hughes.

Ce chiffre n'a pas fait oublier un bond des réserves de pétrole brut aux États-Unis, qui ont augmenté de plus de dix millions de barils lors de la dernière semaine de février, selon les chiffres de Washington.

Toutefois, le marché «résiste, si l'on tient compte du fait que le dollar n'a jamais été aussi haut depuis onze ans et que les réserves sont les plus élevées depuis 80 ans», a estimé Phil Flynn, de Price Futures Group, parmi les observateurs les plus optimistes.

«Le marché a trouvé un rythme régulier, en essayant de faire la part des choses entre les facteurs de baisse à court terme et les signes que la demande va drastiquement s'améliorer cette année», a-t-il conclu.