Les clients résidentiels d'Hydro-Québec verront une fois de plus leur facture d'électricité grimper puisque la Régie de l'énergie permet à la société d'État, malgré ses profits records, de hausser ses tarifs de 2,9 % à compter du 1er avril.

Le tribunal réglementaire a justifié sa décision lundi par l'augmentation des coûts reliés à l'achat d'énergie éolienne par la société d'État - une décision gouvernementale. Hydro-Québec demandait une hausse moyenne de 3,9 %.

«Ces nouveaux approvisionnements contribuent à l'augmentation tarifaire pour environ 2,1 % sur les 2,9 % autorisés par la Régie», peut-on notamment lire dans la décision de 260 pages.

Pour une résidence unifamiliale de taille moyenne, la hausse annuelle devrait osciller aux alentours de 65 $ et de près de 30 $ pour les logements, selon Hydro-Québec, qui n'a pas voulu commenter la décision de la Régie.

Toutefois, en additionnant les hausses depuis 2004, Option consommateurs estime qu'elles atteignent 28,9 %, et ce, en dépit des ajustements à la baisse de 0,4 et 0,5 % de 2011 et 2012.

Pour le secteur résidentiel, la société d'État avait réclamé l'an dernier une hausse tarifaire de 5,8 % et avait finalement eu la permission de procéder à une augmentation de 4,3 %.

Si la Régie n'avait pas permis à Hydro-Québec d'étaler sur cinq ans un montant de 222 millions de dollars principalement relié à l'achat d'électricité au prix du marché en raison du froid mordant de l'hiver dernier, la hausse aurait été de cinq %, d'après l'Union des consommateurs.

«Les consommateurs devront rembourser cette somme, avec intérêts, en plus des hausses annuelles que pourra demander la société d'État», se désole son analyste Marc-Olivier Moisan-Plante.

Hydro-Québec avait dévoilé le mois dernier des profits records de 3,38 milliards de dollars en 2014. Cette performance permettra à la société d'État de verser un dividende de 2,53 milliards de dollars - le plus important de son histoire - au gouvernement du Québec.

Si Option consommateurs reconnaît qu'il s'agit d'une «petite augmentation» dans le secteur résidentiel, l'organisme souligne qu'elle vient néanmoins s'ajouter à celles décrétées dans le passé.

«Lorsqu'on fait le total des augmentations, les chiffres deviennent astronomiques», a dit le responsable du dossier énergie de l'organisme, Olivier Bourgeois.

Il s'est inquiété de l'impact de ces hausses tarifaires sur les ménages à faible revenu en rappelant qu'il y avait eu en 2014 quelque 70 000 débranchements en raison de défauts de paiement.

«On risque de voir en 2015 une année encore plus importante, a-t-il dit. Hydro-Québec devra mettre en place un nouveau système pour traiter les gens qui ne peuvent pas payer.»

Le porte-parole d'Option consommateurs dans ce dossier s'est par ailleurs réjoui de voir la Régie reconnaître le rôle joué par les associations dans la négociation entre les ménages à faibles revenus et la société d'État.

«(La Régie) invite (Hydro-Québec) à évaluer la possibilité de financer les associations, est-il écrit dans la décision. Elle croit qu'il serait opportun de les financer adéquatement dans ce rôle d'intermédiaires entre le distributeur et les clients en difficultés de paiement.»

Malgré tout, M. Bourgeois se désole de voir les politiques gouvernementales en matière d'éolien être à l'origine des augmentations pour les consommateurs, qui, à son avis, ont peu de moyens à leur disposition dans ce dossier.

Le mois dernier, lors du dévoilement des résultats annuels d'Hydro-Québec, son président-directeur général, Thierry Vandal, avait par ailleurs reconnu que les achats d'électricité de la société d'État se feraient différemment si ce n'était de la filière éolienne.

Les grands consommateurs d'électricité verront également leur facture d'électricité grimper, puisque la Régie donne son feu vert à augmentation de 2,9 % du tarif L, alors qu'Hydro-Québec avait réclamé 3,5 %.

Le tribunal réglementaire souligne qu'il reconnaît une baisse de la prévision des ventes pour 2015 par rapport aux prévisions initiales de la société d'État, entre autres en raison d'un ralentissement dans le secteur des pâtes et papiers.