La major pétrolière américaine ExxonMobil va réduire de 4,5 milliards de dollars ses investissements pour 2015 afin de répondre au plongeon des prix du pétrole mais prévoit une hausse de sa production malgré une offre déjà abondante.

Le géant texan, qui est en quête de nouvelles terres d'exploration pour compenser le déclin de vieux puits commencé depuis 2011, prévoit d'investir 34 milliards de dollars cette année, contre 38,5 milliards en 2014, a annoncé mercredi son PDG Rex Tillerson à des analystes lors d'une journée de présentation de l'entreprise à New York. C'est une baisse de près de 12% sur un an.

Pour 2016 et 2017, les investissements se chiffrent à 34 milliards de dollars par an, selon M. Tillerson, assurant que son groupe est bien placé pour profiter de la chute des prix du pétrole comparé à ses rivaux.

Les prévisions antérieures faisaient état d'un peu moins de 37 milliards de dollars d'investissements par an sur les prochaines années.

Les cours du brut ont perdu plus de 50% depuis l'été dernier, ce qui contraint les groupes énergétiques et leurs fournisseurs de services à se serrer la ceinture.

Pour préserver à court terme leurs gros profits, de Chevron à BP en passant par Royal Dutch Shell, Total, ConocoPhillips, la plupart des grands groupes pétroliers ont réduit drastiquement leurs investissements et annoncé des mesures de réductions de coûts. Certains comme Chevron ont même renoncé temporairement à leurs programmes de rachat d'actions.

ExxonMobil insiste, lui, sur le fait qu'il continuera à redistribuer des bénéfices à ses actionnaires et réalisera des économies d'échelle en taillant dans ses dépenses mais ne dit pas si ses effectifs seront également affectés. La major pétrolière a réduit notamment le temps de forage dans différents sites au sud des États-Unis.

Le géant pétrolier a aussi dû geler ses projets avec son partenaire russe Rosneft dans la région stratégique de l'Arctique, potentiellement riche en hydrocarbures, en raison des sanctions occidentales contre Moscou. Les pertes potentielles de cette décision sont estimées pour l'instant à 1 milliard de dollars.

S'adapter au pétrole pas cher

Alors que de nombreux observateurs plaident pour une baisse de l'offre comme levier susceptible d'aider à une remontée des prix du pétrole, le groupe américain a relevé ses prévisions.

Il compte produire 4,3 millions de barils équivalent pétrole par jour d'ici 2017, soit une hausse de 7,5% par rapport aux précédentes prévisions. Cet objectif repose même sur un prix du baril de Brent vendu à Londres à 55 dollars, contre 60 dollars mercredi.

En 2015, la production devrait progresser de 2,5% à 4,1 millions de barils équivalent pétrole par jour comparé à 2014 (4,0 millions).

Pour atteindre ces niveaux, ExxonMobil compte sur les expansions des champs en eaux profondes d'Erha au Nigeria et de Kizomba en Angola, le champ indonésien de Banyu Urip et le projet Kearl portant sur l'exploitation de sables bitumineux de l'Ouest canadien.

ExxonMobil mise en outre sur ses projets d'exploitation de gaz naturel: les gisements de schiste des bassins de Bakken dans le Dakota du Nord et de Permian. Il prévoit aussi une montée en puissance du projet de gaz naturel Hadrian South dans le golfe du Mexique.

Selon les analystes, le géant américain est le groupe pétrolier qui devrait le mieux résister au déclin des prix de l'or noir, au vu de sa taille et de sa puissance financière.

L'an dernier, ExxonMobil a enregistré un bénéfice net de 32,52 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 412 milliards de dollars. Il pourrait casser sa tirelire et mettre la main sur des entreprises énergétiques que la chute des prix du pétrole a fragilisé financièrement, a déclaré M. Tillerson.

Le responsable appelle par ailleurs le monde à s'adapter à un pétrole pas cher parce que la demande a faibli sous le coup du ralentissement de la croissance en Chine notamment, a-t-il plaidé mercredi.