Pour la première fois depuis l'annonce surprise de son départ avant la fin de son mandat, la semaine dernière, le PDG d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, s'est adressé à quelques médias, mardi, affirmant qu'il voulait simplement tourner la page, après dix années passées à la tête de la puissante société d'État.

«Après dix ans, j'ai voulu vraiment passer à autre chose. Je suis très fier de ce qu'on a pu faire ensemble comme équipe chez Hydro-Québec, mais après une dizaine d'années... Ce sont des emplois qui sont très exigeants... Et je pense que c'est bon également pour Hydro-Québec qu'il y ait un renouveau comme ça, que quelqu'un arrive avec une énergie nouvelle et des idées nouvelles», a expliqué M. Vandal, qui paraissait détendu et souriant.

Quand on lui a demandé ce qu'il allait faire après avoir quitté Hydro-Québec, en mai, il est resté mystérieux: «Ah! Vous savez... Je vais prendre le temps d'abord de réfléchir à tout ça et je vais être actif. Ne vous inquiétez pas, je vais être très, très actif.» Il n'a pas précisé dans quel domaine il comptait rester actif.

Il n'a pas voulu dire s'il ferait le saut vers l'entreprise privée, lui qui est ingénieur de formation. «On verra; on verra», a-t-il simplement répondu. Il n'a pas voulu dire non plus s'il serait intéressé à travailler pour une entreprise du domaine énergétique. «On verra; on verra», a-t-il répété.

Le président-directeur général d'Hydro-Québec a tout de même catégoriquement écarté l'idée de se lancer en politique.

«Non, il n'y a pas de politique au programme pour moi. Ça, c'est... Je respecte beaucoup les gens qui font de la politique active, c'est absolument essentiel dans une société, une démocratie, mais ce n'est pas pour moi. J'ai beaucoup de respect pour ce métier, mais ce n'est pas pour moi», a-t-il tranché.

M. Vandal assistait à l'allocution du premier ministre Philippe Couillard devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain au Palais des congrès. Il a d'ailleurs nié tout désaccord avec le gouvernement Couillard.

«Absolument pas. Les relations étaient très, très bonnes et elles ont toujours été très, très bonnes. J'ai eu l'occasion, le plaisir de travailler avec plusieurs premiers ministres; j'ai fait 18 ans chez Hydro-Québec et ça a toujours été de très bonnes relations», a-t-il lancé.

Interrogé à savoir pourquoi il quittait deux ans avant la fin de son mandat, il a expliqué qu'une nouvelle stratégie énergétique allait être adoptée prochainement, que celle-ci nécessitait un engagement à long terme et qu'il a donc jugé que c'était le moment propice pour passer le flambeau à un autre dirigeant prêt à s'engager pour plusieurs années.

Quant aux deux autres départs annoncés à la direction d'Hydro-Québec, ceux de Marie-José Nadeau, vice-présidente exécutive aux affaires corporatives et secrétaire générale, de même que Georges Abiad, un gestionnaire dans le dossier des compteurs de nouvelle génération, M. Vandal n'y a pas vu de lien avec le sien.

«À Hydro-Québec, il y a 1000 personnes qui partent chaque année. Il y a un renouveau. Mme Nadeau, qui est présidente du Conseil mondial de l'énergie, qui fait un travail absolument extraordinaire, après 22 ans, a voulu prendre sa retraite. Elle a annoncé ça il y a plusieurs semaines. Il n'y a pas de lien. Moi, c'était le bon moment pour me retirer», a-t-il résumé.

M. Abiad ne faisait toutefois pas partie de la haute direction, a précisé M. Vandal. «Il y a 130 cadres de direction chez Hydro-Québec. Il va y avoir des gens qui vont choisir de partir à différents moments. Le projet des compteurs de nouvelle génération va très bien. On a 2,6 millions de ces compteurs qui sont installés. Ça a été beaucoup plus rapide que l'on croyait; ça va être moins coûteux que l'on anticipait. Et les fonctionnalités qu'on obtient de ces compteurs-là sont au-delà de nos espérances», a commenté M. Vandal.

Plus tôt dans la journée, le premier ministre Couillard avait affirmé que les récentes démissions chez Hydro-Québec ne cachaient pas un manque de confiance du gouvernement envers la société d'État.

Refusant de s'étendre sur les raisons du départ de M. Vandal, le premier ministre avait dit estimer que les départs au sein de la haute direction d'Hydro-Québec étaient des «changements» qui surviennent dans la vie d'une entreprise. «Voilà le moment venu pour ces personnes de faire autre chose. On leur souhaite bonne chance», avait-il commenté.

M. Couillard avait aussi soutenu que certains dossiers controversés comme le déploiement des compteurs de nouvelle génération et les importants surplus d'énergie générés par la filière éolienne n'avaient rien à voir avec ces démissions.

L'opposition péquiste a de son côté demandé à ce que MM. Vandal et Abiad ainsi que Mme Nadeau soient entendus en commission parlementaire à l'Assemblée nationale afin d'expliquer leur décision.

Et la Coalition avenir Québec a demandé que le nouveau PDG soit nommé par l'Assemblée nationale.

Le premier ministre était de passage dans la métropole pour annoncer une bonification de 65 millions $ du fonds de capital de risque en démarrage Anges Québec, dont la capitalisation atteindra 85 millions $.

La contribution totale de Québec, incluant celle effectuée par Investissement Québec, atteint 25 millions $. La Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ allongent respectivement 25 millions $ et 15 millions $.