Les prix du pétrole se sont repliés en clôture sous les 45 dollars le baril mercredi à New York, du jamais vu depuis presque six ans, lestés par l'annonce d'un bond des stocks pétroliers américains à des niveaux historiques.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars a reculé de 1,78 dollar pour s'établir à 44,45 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), un plus bas depuis le 11 mars 2009, lorsqu'il avait terminé à 42,33 dollars.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 48,47 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,13 dollar par rapport à la clôture de mardi.

«La grande affaire du jour sur le marché du pétrole était sans conteste la publication des chiffres» du Département américain de l'Énergie (DoE) «sur les réserves de brut aux États-Unis, a souligné Bart Melek, de TD Securities.

Enregistrant un bond bien plus prononcé que prévu, de 8,9 millions de barils, contre 4,2 attendus seulement, les réserves d'or noir aux États-Unis ont atteint des niveaux historiques la semaine dernière.

À 406,7 millions, ils sont au plus haut depuis 1982, date des premières publications hebdomadaires du DoE, et même depuis janvier 1931 sur la base des données mensuelles.

La production américaine a elle aussi grimpé à des sommets, gonflant cette semaine-là jusqu'à 9,213 millions de barils par jour (mbj), du jamais vu depuis 1983 au moins, lorsque le DoE a commencé à faire paraître ces statistiques.

«Ce n'est pas joli, joli comme environnement pour le brut, d'autant plus que la production irakienne est elle aussi en forte hausse», a commenté M. Melek.

Selon lui, même à ces prix très bas, en repli d'environ 60% par rapport à la mi-juin, «le marché est encore trop optimiste, les prévisions d'offre mondiale pour les deux premiers trimestres 2015 étant encore sous-évaluées».

Les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont en revanche baissé de 3,9 millions de barils, soit plus que le déclin de 1,5 million de barils attendu par les analystes, tandis que les stocks d'essence ont diminué de 2,6 millions de barils, surprenant les experts qui misaient à l'inverse sur une progression de 2,9 millions de barils.

Il n'empêche, «les fondamentaux du marché restent résolument baissiers», a insisté John Kilduff, selon qui il est tout à fait «prématuré d'évoquer un plancher pour les cours» pour l'instant.

Les opérateurs ont aussi pris acte du maintien, attendu, de taux d'intérêt proches de zéro par la Réserve Fédérale américaine (Fed), annoncé mercredi.

La banque a réaffirmé qu'elle serait «patiente» avant de normaliser sa politique monétaire tout en soulignant le rythme «solide» de la croissance économique américaine, ne faisant que peu évoluer le dollar face aux autres monnaies.

Un dollar plus fort tend à rendre moins attractifs les achats de matières premières, comme le brut, libellées dans cette monnaie pour les acheteurs munis d'autres devises.