Un pas en arrière, deux pas en avant: le tango des rebondissements autour de l'oléoduc Keystone XL se poursuit aux États-Unis.

Trois jours après avoir subi une déception, les partisans du projet controversé ont pu se réjouir hier à la suite de la décision d'un tribunal américain et d'un vote au Congrès.

Dans une décision attendue, la Cour suprême du Nebraska a rejeté la poursuite déposée par des propriétaires terriens de cet État contre le tracé de l'oléoduc. Du coup, cette instance levait le dernier obstacle à une décision de Barack Obama sur ce pipeline qui doit transporter chaque jour 830 000 barils de pétrole brut extrait des sables bitumineux de l'Alberta vers les raffineries du golfe du Mexique.

Quelques heures plus tard, la Chambre des représentants a approuvé, par 266 voix contre 153, un projet de loi donnant le feu vert à la construction de cet oléoduc considéré prioritaire par les républicains du Congrès et le gouvernement de Stephen Harper.

Le Sénat américain devrait lancer la semaine prochaine son débat sur un texte semblable.

«À court d'excuses»

«Le président est désormais à court d'excuses pour continuer à bloquer l'oléoduc Keystone et les milliers d'emplois qu'il créerait», a déclaré le président de la Chambre, John Boehner, après la décision de la Cour suprême du Nebraska. «Enfin, il est temps de commencer à construire.»

La Maison-Blanche a cependant indiqué que le président avait toujours l'intention d'opposer son veto à un projet de loi autorisant la construction de l'oléoduc. Elle a précisé que la décision d'approuver ou de rejeter le projet Keystone XL ne relevait pas du Congrès mais du département d'État.

Et celui-ci intégrera la décision de la Cour suprême de Nebraska «dans son examen pour déterminer si le projet Keystone XL sert l'intérêt national», a indiqué un porte-parole de la Maison-Blanche.

Il y a un an, le département d'État a rendu publique son étude finale sur l'impact environnemental de l'oléoduc de la société TransCanada. Cette étude concluait que Keystone XL n'aurait «probablement pas d'impact significatif sur le taux d'extraction dans les sables bitumineux, ni sur la demande de pétrole brut lourd dans les raffineries américaines».

Après la décision de la Cour suprême du Nebraska, l'administration Obama n'a plus, en principe, aucune raison de reporter sa décision sur le pipeline, qui est attendue depuis six ans. Les militants écologistes espèrent toujours qu'elle finira par rejeter le projet.

Des amendements en vue

«La seule décision qui apportera une tranquillité d'esprit aux propriétaires terriens sera de voir le président utiliser son droit de veto pour stopper une fois pour toutes ce pipeline risqué», a déclaré Jane Kleeb, directrice du groupe Bold Nebraska, qui s'inquiète pour l'aquifère Ogallala, l'une des plus grandes nappes phréatiques du monde.

Le débat au Sénat sur un texte autorisant la construction de l'oléoduc Keystone XL pourrait s'étendre sur plusieurs jours et permettre aux démocrates de proposer des amendements. En attendant, environ les deux tiers des Américains sondés se disent favorables à la construction du pipeline.