Les cours du pétrole coté à New York ont fini en baisse jeudi, pénalisés par des craintes sur la stratégie des prix de l'Arabie saoudite, désireuse de préserver ses parts de marché sur fond de plongeon des cours du brut.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier a perdu 57 cents à 66,81 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 69,64 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 28 cents par rapport à la clôture de mercredi.

Les prix sont repartis «en forte baisse aujourd'hui (car) il semble que l'Arabie saoudite se soit engagée dans une nouvelle tournée de réductions de prix, en particulier vers ses clients asiatiques qui paieront leur baril moins cher de quelque 2 dollars en janvier», a expliqué John Kilduff, de Again Capital. «C'est énorme», a-t-il jugé.

La compagnie nationale de pétrole et de gaz d'Arabie saoudite, Saudi Aramco, avait déjà le mois dernier fortement secoué le marché de l'or noir après l'annonce d'une baisse de ses prix pour les exportations de brut vers les États-Unis.

En pleine accélération de la déroute des prix, qui ont perdu près de 40% de leur valeur depuis la mi-juin, face à une Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) impuissante à freiner ce plongeon, cela confirmerait «qu'il y a bien une guerre des prix et que l'Arabie saoudite joue le tout pour le tout» pour préserver sa place, a relevé John Kilduff.

Le chef de file de l'influent cartel doit de plus en plus rivaliser avec les États-Unis dont la production a explosé ces dernières années, dopée par le pétrole issu du schiste. L'offre américaine n'a jamais été aussi importante depuis 30 ans, dépassant depuis début novembre le seuil psychologique des 9 millions de barils par jour.

«Les Saoudiens veulent une stabilisation des prix autour de 60 dollars», et la crainte que cela se réalise plombe encore l'humeur du marché, a relevé Matt Smith, de Schneider Electric.

Pour Tim Evans, de Citi Futures, «l'Arabie saoudite n'a pas de prix précis en tête et laissera le marché arriver à un niveau approprié de prix», citant une source proche des dirigeants saoudiens. Or, «cette absence de soutien de sa part» pour faire remonter les cours de l'or noir risque de le faire encore reculer, a-t-il noté.

Les prix du pétrole ont atteint leurs plus bas niveaux depuis 2009 début décembre, à New York comme à Londres, quelques jours après la dernière réunion de l'OPEP, à 63,72 dollars pour le WTI et 67,53 dollars pour le Brent.

Les cours du brut avaient pourtant été portés mercredi par l'annonce d'une baisse surprise des stocks de brut aux États-Unis, généralement considérée comme le signe d'une demande énergétique plus vigoureuse.

Selon le département américain de l'Énergie (DoE), les réserves de brut ont baissé de 3,7 millions de barils, à 379,3 millions, lors de la semaine achevée le 28 novembre, alors que les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires s'attendaient à une hausse de 600 000 barils.