Les pays de l'OPEP ont tenté mercredi à Vienne d'aplanir leurs divisions à la veille de la plus importante réunion du cartel depuis des années, alors qu'ils s'opposent sur une réduction éventuelle de leur production de pétrole pour enrayer la chute des cours de l'or noir.

Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, arrivé ce mercredi dans la capitale autrichienne, s'est entretenu dans l'après-midi avec son homologue saoudien, Ali Al-Nouaïmi, opposé à une réduction du plafond, pour tenter d'arrondir les angles au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole.

«Nous avons eu une bonne discussion» et «nous n'avons pas seulement parlé d'une baisse (éventuelle du plafond, NDLR), mais aussi de la situation générale du marché et nos positions sont proches», a-t-il assuré à la presse, tout en soulignant que les consultations entre ministres allaient se poursuivre.

«J'ai confiance dans le fait que l'OPEP sera capable de prendre une décision de manière très unifiée», a déclaré pour sa part M. Al-Nouaïmi en fin de journée, sans préciser quel pourrait être le sens de cette position.

Il a indiqué que les pays du Conseil de coopération du Golfe - qui compte en son sein l'Arabie saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis et le Qatar, tous quatre membres de l'OPEP - avaient adopté une position commune avant la réunion de l'OPEP, sans autre commentaire.

De son côté, le ministre algérien de l'Énergie, Youcef Yousfi, a assuré que le cartel travaillait «à trouver une solution consensuelle et stable, qui apporte les ajustements nécessaires (face aux) aux déséquilibres des marchés».

Le débat est vif au sein du cartel quant à la décision à prendre, des États comme le Venezuela prônant ouvertement une baisse de son plafond de production collectif, fixé depuis trois ans à 30 millions de barils par jour, tandis que l'Arabie saoudite, chef de file et premier producteur de l'OPEP, défend un maintien.

M. al-Nouaïmi avait laissé entendre mercredi matin qu'il souhaitait au contraire un maintien à ce niveau, en lançant à quelques journalistes que «le marché finirait bien par se stabiliser».

Parler avec les non-membres 

«Tous les experts pensent qu'il y a une surabondance de l'offre sur le marché pétrolier et, l'an prochain, il sera encore plus surapprovisionné», a mis en garde M. Zanganeh, appelant l'OPEP à «prendre une décision pour contrôler le marché», en souhaitant aussi «une contribution des pays producteurs hors OPEP» pour y parvenir.

Un premier pas avait été fait la veille en ce sens: les ministres du Venezuela et de l'Arabie saoudite, deux pays de l'OPEP, avaient rencontré ceux de la Russie et du Mexique, non membres du cartel, mais aucune baisse coordonnée de production n'avait été décidée lors de ces pourparlers.

De son côté, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Rafael Ramirez, s'est dit convaincu que l'OPEP ferait «ce qui est le plus bénéfique pour ses membres».

Les cours du pétrole brut ont chuté de plus de 30% depuis le printemps, tombant à leurs plus bas niveaux depuis quatre ans, en raison d'un déséquilibre grandissant entre l'offre et la demande.

Mieux respecter le plafond 

D'un côté, la production mondiale a gonflé avec l'envolée de l'offre américaine de pétrole, grâce à l'exploitation de ressources non conventionnelles comme le pétrole de schiste.

De l'autre, les prévisions de la hausse de la demande planétaire d'or noir ont été revues à la baisse ces derniers mois, en raison notamment de l'affaiblissement de la croissance dans des zones de consommation majeures, comme l'Europe et la Chine.

Compte tenu des dernières déclarations, «il n'y a plus beaucoup de chance qu'une réduction de la production soit décidée au cours de la réunion de l'OPEP», ont estimé les analystes de la Commerzbank, avançant que faute de mieux, l'organisation pourrait s'engager à appliquer son plafond avec plus de discipline.

En octobre, l'OPEP a produit au total 30,6 millions de barils par jour, d'après les calculs de l'Agence internationale de l'énergie, et 30,3 millions, selon d'autres estimations citées par le cartel, ce qui lui laisse une certaine marge pour réduire l'offre sans avoir à modifier son plafond.