Les partisans de l'oléoduc Keystone XL affirmaient lundi avoir recueilli le nombre de voix nécessaires au Sénat pour autoriser le projet, à la veille du vote final, mais le président Barack Obama devrait opposer son veto en cas d'adoption.

L'oléoduc de la société canadienne TransCanada qui doit permettre d'acheminer du brut depuis les sables bitumineux de l'Alberta, au Canada, jusqu'aux raffineries américaines du Golfe du Mexique, attend depuis six ans un feu vert de l'administration Obama, en raison d'études d'impact environnemental et de procédures judiciaires qui s'éternisent.

La Chambre des représentants a adopté vendredi une proposition de loi pour autoriser unilatéralement le projet, dont ils louent le potentiel de créations d'emplois. C'est maintenant au tour du Sénat de voter, lors d'un scrutin fixé à 18h15 mardi.

«Oui», le texte sera adopté, a affirmé lundi soir à des journalistes la sénatrice démocrate de Louisiane Mary Landrieu, qui mène la bataille au Sénat. Selon elle, au moins 60 sénateurs sur 100 (la majorité requise par les règles de fonctionnement de la chambre haute du Congrès) devraient voter en faveur de Keystone XL mardi, même si elle a refusé d'en donner la liste.

Le suspense règne depuis plusieurs jours sur le nombre de démocrates qui rejoindraient le groupe des 45 républicains, qui approuvent unanimement le projet. Au moins 14 démocrates ont publiquement apporté leur soutien à ce jour.

Le tracé de Keystone XL ne passe pas par la Louisiane, mais l'État dépend fortement du secteur pétrolier du Golfe du Mexique, et donc indirectement de Keystone XL.

La précipitation à programmer le vote, la semaine dernière, s'explique par une urgence électorale: Mary Landrieu tente de conserver son siège lors du second tour de la sénatoriale le 6 décembre, et veut pouvoir dire à ses électeurs qu'elle défend les intérêts économiques des Louisianais. Son adversaire républicain, Bill Cassidy, est l'auteur du texte identique adopté par la Chambre.

Si le Sénat adoptait le texte, le président américain devra soit le promulguer, soit opposer son veto, cette dernière option étant la plus probable.

«Nous allons laisser le processus se dérouler normalement», a répété Barack Obama dimanche, depuis Brisbane en Australie, avant de rentrer à Washington. Et il a rappelé, une nouvelle fois, son critère principal: l'oléoduc «contribue-t-il aux gaz à effet de serre à l'origine du changement climatique?»

Barack Obama fait référence au recours porté contre le tracé auprès de la plus haute instance judiciaire de l'État du Nebraska, dans le centre du pays, où le futur oléoduc doit aboutir et se connecter au réseau existant.

Pour surmonter un veto présidentiel, chaque chambre du Congrès doit voter aux deux tiers pour sauver la loi, un seuil inatteignable par les partisans de Keystone XL.

Le projet, jugé prioritaire par le gouvernement canadien, se heurte à l'opposition de la plupart des démocrates et des ONG de protection de l'environnement, qui dénoncent les risques de fuite et sont hostiles aux énergies fossiles.