Quelque 600 employés de Produits forestiers Résolu, affectés aux activités de ramassage du bois au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Abitibi et sur la Côte-Nord, ne cherchent plus à masquer leur exaspération. Ils ont voté dans une proportion de plus de 90 pour cent en faveur de la tenue de moyens de pression pouvant aller jusqu'à la grève.

Leur insatisfaction est directement liée à la nouvelle mouture du régime forestier implantée en 2013 qui a entraîné la mise en place de ventes aux enchères de bois se trouvant dans les forêts de l'État.

Le directeur adjoint d'Unifor, Renaud Gagné, soutient que lorsque ses membres ramassent de la fibre acquise par Produits forestiers Résolu au sein de ce marché, les différentes clauses de leur convention collective ne s'appliquent pas systématiquement.

S'il faut en croire M. Gagné, ils voient alors leurs conditions de travail reculer considérablement.

Il précise qu'«ils ne cotisent plus à leur régime de retraite, qu'ils n'ont plus d'assurance collective et qu'ils peuvent travailler jusqu'à 60 heures par semaine».

Il martèle que «ça n'a aucun bon sens».

Le directeur principal des relations publiques et des affaires gouvernementales au Canada pour Produits forestiers Résolu, Karl Blackburn, reconnaît que, dans un pareil contexte, la situation des employés n'est pas toujours idéale.

«Les entreprises arrivent à obtenir de la fibre par le biais du Bureau de mise en marché des bois, elle est généralement plus chère, plus difficile d'accès donc, les conventions collectives ne s'appliquent pas vraiment et ce sont les règles du Code du travail et du marché (qui sont en vigueur)», a-t-il dit.

Renaud Gagné s'insurge face à cette réalité. «Ça fait quand même depuis 2013 que ça devrait être réglé ce problème-là et que ça ne l'est pas. Si on n'a pas le choix, il va falloir aller jusqu'à la grève pour au moins avoir une mesure temporaire de la part de Produits forestiers Résolu.»

Aux yeux de M. Gagné, il importe que «l'employeur reconnaisse que la convention collective doit s'appliquer en tout temps y compris sur les territoires où il acquiert du bois aux enchères».

Il indique que si la direction de la compagnie ne plie pas, elle en payera le prix dans un horizon rapproché.

Le directeur adjoint d'Unifor avance les moyens de pression pourraient être déclenchés en novembre ou au début décembre. La grève ne sera pas nécessairement la première étape. «(Les syndiqués) pourraient à la rigueur refuser de récolter du bois acquis aux enchères ou ne pas accepter de travailler durant les fins de semaine», a indiqué M. Gagné.

Karl Blackburn espère, pour sa part, qu'une solution négociée sera conclue avant que les choses ne s'enveniment. «Depuis l'instauration du nouveau régime forestier, la direction échange avec les travailleurs, qu'elle va continuer de le faire et qu'elle souhaite que ça puisse se régler dans un climat respectueux et cordial.»

M. Blackburn admet ouvertement que l'éventuelle application de moyens de pression porterait un dur coup à son entreprise. «S'il n'y a plus de récolte qui se fait en forêt, ça deviendra très, très, très problématique de poursuivre les opérations».