L'industrie éolienne ne laisse pas beaucoup de retombées derrière elle, une fois installée dans une région. C'était le cas à Amqui, avant que la communauté achète une petite partie du parc éolien pour toucher une part des profits versés aux promoteurs.

Une fois construits, les parcs éoliens de la Gaspésie ne rapportent pas grand-chose aux communautés qui les accueillent: quelques redevances pour l'occupation des terres et quelques emplois dans l'entretien. C'est ce qui pousse des municipalités régionales de comté (MRC) à aller chercher les retombées là où elles sont, dans la vente d'électricité à long terme à Hydro-Québec.

Les MRC de la Matapédia et de la Mitis viennent d'acheter respectivement 10% et 2,5% du projet éolien de Lac-Alfred, construit sur leur territoire par les multinationales Enbridge et EDF (Électricité de France).

Du coup, les communautés de ces deux MRC obtiennent un accès aux profits tirés de la vente d'électricité à Hydro-Québec pendant les 20 prochaines années.

La MRC de la Mitis, qui a emprunté 1 million pour acheter sa part de 2,5% du parc éolien de Lac-Alfred, recevra un bénéfice net de 200 000 à 300 000$ pendant 20 ans.

«L'argent, c'est là qu'il est, dit Noël Lambert, préfet de la MRC de la Mitis. Ça représente 10% des revenus de la MRC, des nouveaux revenus qu'on va chercher sans imposer de nouvelles taxes.»

Avec sa participation de 10%, la MRC de la Matapédia recevra de 500 000$ à 1 million par an, nets des coûts de l'emprunt de 4 millions qu'elle a contracté. C'est deux fois plus que les redevances et les contributions volontaires que le promoteur du projet éolien a accepté de verser à la MRC.

«L'idée de départ, c'était d'avoir des retombées», assure Chantal Lavoie, préfète de la MRC de la Matapédia. Les projets ne manquent pas pour dépenser cet argent. «On a une région à revitaliser, il faut alléger la facture des contribuables pour attirer des gens», explique-t-elle.

Cet argent frais pour les deux MRC, il vient évidemment des tarifs d'électricité plus élevés que doivent payer tous les clients d'Hydro-Québec, qui achètent l'électricité produite par les parcs éoliens.

Mais pour les MRC qui en profitent, ça vaut mieux que de laisser tout le profit aux grandes entreprises qui possèdent les parcs éoliens. «Ce n'est pas mauvais, l'éolien, si ça sert à redistribuer la richesse dans les régions», affirme Noël Lambert.

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EDF ÉNERGIES NOUVELLES EST VENDEUR

C'est EDF Énergies Nouvelles, filiale du géant français Électricité de France (EDF), qui a vendu une partie de ses intérêts dans le parc éolien de Lac-Alfred aux MRC de la Matapédia et de la Mitis. C'est aussi EDF qui a permis à Enbridge d'augmenter à 67,5% sa participation dans le parc éolien de Lac-Alfred et à 80% dans celui du Massif-du-Sud. L'entreprise a-t-elle entrepris de se délester de ses investissements dans le secteur éolien au Québec?

Non, assure sa porte-parole Fabiola Oribe. «Ça fait partie du modèle d'affaire de la compagnie de construire un projet et d'aller chercher du capital pour continuer d'investir dans le secteur éolien.»

EDF EN conserve une participation de 20% dans les parcs éoliens de Lac-Alfred, du Massif-du-Sud et de Saint-Robert-Bellarmin et reste le gestionnaire de ces installations. «Pour le moment, il n'est pas question de se retirer», dit la porte-parole.

Invenergy: 500 millions

La Caisse a acheté une participation minoritaire dans 13 parcs éoliens d'Invenergy, dont un, le parc éolien Le Plateau, est en Gaspésie.

Vents du Kempt : 50 millions

La Caisse finance une partie de ce projet de 300 millions situé en Gaspésie.

Dong Energy: 1 milliard US

La Caisse a acquis une part de 25% du parc éolien London Array 1, le plus important parc éolien en mer au monde.

Invenergy: 42 millions

La Caisse détient un intérêt minoritaire dans le parc éolien Des Moulins, près de Thetford Mines, qui tourne depuis décembre 2013.

Invenergy: somme non précisée

La Caisse achète 24,7% des actions d'Invenergy Wind, de Chicago, le troisième producteur éolien américain.

Innergex, Boralex, Gaz Metro, Enbridge

La Caisse est actionnaire de ces entreprises qui développent et exploitent des parcs éoliens, dont celui de la Seigneurie de Beaupré, un des plus gros parcs éoliens au Canada avec 366 mégawatts.