Le gouvernement Couillard écarte l'idée d'intervenir directement auprès de la Régie de l'énergie pour limiter à l'inflation les hausses de tarif d'Hydro-Québec, une promesse électorale. Il adopte plutôt un «décret de préoccupation » pour lui demander de tenir compte de la « capacité de payer des ménages à faible revenu» avant de statuer sur la demande d'augmentation de 3,9% pour le 1er avril 2015.

Selon lui, il ne faut pas « politiser » la tarification d'Hydro-Québec. Il avait pourtant promis en campagne électorale de limiter à l'inflation les hausses de tarif d'hydroélectricité. Que s'est-il passé depuis ? «C'est la réalisation tout à fait nette que ce serait une très grave erreur d'ouvrir la Régie de l'énergie et d'influencer directement la Régie», a-t-il répondu.

Adopté mercredi,  le décret demande à la Régie de prendre en considération trois éléments avant de statuer sur la demande d'Hydro-Québec:

> la capacité de payer des ménages à faible revenu ;

> l'orientation gouvernementale énoncée dans le dernier budget relativement aux gains d'efficience demandés à Hydro-Québec (150 millions de dollars) ;

> la priorité gouvernementale accordée aux mesures d'efficacité énergétique qui visent à réduire les dépenses en énergie des consommateurs.

Selon le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, ce décret permet au gouvernement de signaler à la Régie qu'il est préoccupé par les récentes hausses de tarif - 4,3% le 1er avril dernier - «sans nuire à l'indépendance» de cet organisme.

«Les autres outils (à la disposition du gouvernement), c'est d'intervenir directement. Mais si on intervient directement, la Régie de l'énergie n'a plus sa raison d'être. Nous, on tient à préserver l'indépendance de la Régie de l'énergie. C'est elle qui doit prendre la décision», a-t-il expliqué. I

M. Arcand a rappelé que ce type de décret a déjà été utilisé dans le passé. La dernière fois, c'était en 2007. La Régie avait alors décidé d'autoriser une augmentation de 1,9%, alors qu'Hydro-Québec demandait 2,8 %. M. Arcand n'a pas pu dire si le décret avait eu une influence importante dans la décision.

Philippe Couillard a mis en doute l'une des raisons invoqués par Hydro-Québec pour justifier sa demande tarifaire : le coût du développement de la filière éolienne. «Parfois, j'ai l'impression que l'éolien a le dos large », a-t-il lancé. « L'éolien, c'est minoritaire dans la capacité installée d'Hydro-Québec.» Il a rappelé que son gouvernement complètera l'appel d'offres en cours et qu'une réflexion suivra la filière éolienne.

La Coalition avenir Québec (CAQ) lui demande «mettre un terme à l'aventure éolienne», parce que c'est «un mauvais modèle d'affaires» responsable des hausses de tarif.