Les cours du pétrole cotés à New York ont avancé mercredi, dopé par des spéculations sur une levée prochaine d'une interdiction sur les exportations de brut américain, en dépit d'un rapport hebdomadaire jugé baissier sur les réserves de brut aux États-Unis.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en août a gagné 47 cents, à 106,50 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a en revanche terminé en baisse de 46 cents à 114,00 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le WTI a bénéficié d'informations publiés (mardi) soir sur l'autorisation qui va être accordée à deux sociétés texanes par les autorités américaines d'exporter du condensat», un type de pétrole extrêmement léger, a indiqué John Kilduff, de Again Capital, en référence à un article du Wall Street Journal.

Les États-Unis disposent de condensat en grande quantité grâce au boom du gaz de schiste extrait par fracturation hydraulique.

L'interdiction d'exporter du pétrole brut depuis les États-Unis, adoptée en 1975 dans le sillage du choc pétrolier de 1973 et à laquelle échappent les produits raffinés, reste bien en vigueur.

«Mais en utilisant cette sorte de tour de passe-passe qui permet de ne pas qualifier de brut un produit qui n'a été que marginalement traité, les autorités montrent qu'elles commencent à se pencher sur la question des exportations de brut», a remarqué Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion.

L'exploitation des gaz de schiste du Dakota du Nord, du Texas et de Pennsylvanie a en effet dopé la production de brut aux États-Unis, réduisant nettement les besoins en importations de brut et créant même des surplus.

Le secteur pétrolier et une partie des élus du Congrès fait du coup pression pour que l'administration lève l'interdiction d'exporter du brut américain.

«On reste dans une zone très floue pour le moment, cela va être intéressant de voir comment cela va évoluer», a souligné Carl Larry.

«C'est en tout cas un premier pas et cela va permettre de réduire l'abondance des réserves dans le pays, et c'est cela qui fait monter les prix», a noté M. Kilduff.

Le marché digérait aussi mercredi une hausse inattendue des stocks américains de brut la semaine dernière: selon le département américain à l'Énergie (DoE), ils ont augmenté de 1,7 million de barils, alors que les analystes tablaient sur une baisse de 1,2 million de barils.

À 388,1 millions de barils, ces stocks se maintiennent proches de leur sommet atteint fin avril à 399,4 millions de barils.

Une hausse des stocks est généralement mal reçue par les investisseurs, qui y voient un mauvais signe pour la demande énergétique des États-Unis, premier consommateur mondial d'or noir.

Les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, centre-sud des États-Unis) ont poursuivi leur rebond cette semaine, affichant une hausse de 400 000 barils.

De leur côté, les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont avancé de 1,2 million de barils, soit plus qu'attendu par les analystes et les stocks d'essence ont enregistré une hausse de 700 000 barils, moindre qu'attendu.

Le Brent a de son côté approfondi son recul alors qu'il n'y a toujours «pas eu d'importante perturbation de l'offre de brut en Irak», deuxième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), a indiqué Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.

Des insurgés sunnites ont lancé le 9 juin une offensive fulgurante dans le nord et l'ouest de l'Irak qui a pour l'instant épargné le sud du pays, où est située la grande majorité des champs pétroliers et oléoducs par lesquels est exporté le brut du pays.