Alstom a dit oui au projet d'alliance avec General Electric sur ses activités énergie mais la validité de l'offre reste toujours suspendue aux discussions entre Bouygues et l'État.

Le Conseil d'administration d'Alstom «a unanimement décidé d'émettre un avis favorable à l'offre de GE», au cours de laquelle il devrait empocher 12,35 milliards d'euros pour la vente sous conditions de ses activités énergie, mettant presque fin à un dossier qui défraie la chronique économique depuis avril.

Mais la validité de l'offre restait toujours «suspendue» samedi soir aux négociations entre l'État et Bouygues, a-t-on précisé au ministère de l'Économie.

Vendredi le gouvernement s'était prononcé en faveur du projet de l'américain face à celui du tandem germano-nippon Siemens/Mitsubishi Heavy Industries. Il avait annoncé, dans le même temps et à la surprise générale, qu'il comptait devenir l'actionnaire principal d'Alstom afin d'exercer sa «vigilance patriotique», selon les mots du ministre de l'Économie d'Arnaud Montebourg.

Pour ce faire, il compte racheter 20 des quelque 30% que le groupe diversifié Bouygues détient dans Alstom. Mais, selon des sources proches du dossier, les discussions entre les deux parties achoppent sur le prix de cette acquisition.

Et après une longue journée de tractations, les choses semblaient presque finalisées. Une source proche du dossier a assuré à l'AFP samedi en fin d'après-midi qu'un accord «avait été trouvé».

Mais quelques minutes plus tard, le négociateur en chef pour l'État, David Azema, directeur général de l'Agence des participations de l'État (APE), assurait que «les discussions continue(ai)nt».

À l'Élysée, une source proche de la présidence se disait elle «optimiste sur un débouché rapide avant l'ouverture des marchés» lundi à 9 h même si «ce n'est pas encore signé».

Un nouvel Alstom 

Selon des sources proches du dossier, l'État souhaite racheter ces parts au prix du cours actuel, soit 28 euros par action, selon la dernière cotation d'Alstom vendredi à la clôture de la Bourse de Paris. Car dans le climat actuel, le gouvernement ne peut pas paraître dispendieux et devra montrer qu'il a tout fait pour négocier au plus serré pour une dépense qui se chiffrera en milliard.

Mais Bouygues en demanderait environ 35 euros, selon ces mêmes sources, soit la valorisation que le groupe fait lui même de sa participation dans ses comptes (3,07 milliards pour environ 30% du capital d'Alstom).

L'issue de ces discussions est cruciale et samedi à la mi-journée, François Hollande avait prévenu que «s'il n'y avait pas ces avancées» avec Bouygues, «s'il n'y avait pas cette vente à un prix qui pour le gouvernement soit acceptable, alors il y aurait nécessairement à revenir sur l'alliance telle qu'elle vient d'être annoncée» avec General Electric.

Mais sans attendre l'annonce de cet accord, Alstom dessinait déjà les futurs contours de sa nouvelle entité.

«Si ce projet était mené à bien, Alstom se concentrerait sur ses activités dans le domaine du transport et sur son alliance avec GE dans le domaine de l'énergie» et utiliserait le produit de la cession notamment «pour renforcer ses activités Transport».

Après accord entre Bouygues et l'État, la réalisation de l'opération sera encore «subordonnée à la consultation des instances représentatives du personnel, à l'obtention des autorisations réglementaires, y compris au titre du décret relatif aux investissements étrangers en France».

Et c'est aux actionnaires que reviendra «la décision finale».

Le conglomérat américain proposait depuis fin avril de racheter pour 12,35 milliards d'euros les activités énergie d'Alstom, qui représentent 70% de son chiffre d'affaires, le pôle transport ferroviaire constituant le reste.

Depuis jeudi, il offrait en plus de créer trois coentreprises à parité (turbines à vapeur, réseaux et énergies renouvelables) avec Alstom et de lui céder son activité de signalisation ferroviaire.

Surtout, dans l'alliance à 50-50 dans les turbines à vapeur (qui équipent les réacteurs des centrales nucléaires d'EDF), l'État français aurait un droit de veto (en souscrivant des actions de préférence) assorti de droits de gouvernance.

Sur l'offre Siemens/Mitsubishi Heavy Industries, Alstom se contente d'expliquer qu'elle «ne répondait pas de manière adéquate à l'intérêt social d'Alstom ni à celui de l'ensemble de ses parties prenantes».