Les exportations de pétrole irakien ont progressé en mai pour le deuxième mois consécutif, selon des chiffres officiels publiés dimanche, en dépit de l'arrêt d'un oléoduc et d'un conflit entre le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan.

Dans un entretien exclusif à l'AFP, le vice-Premier ministre chargé des Affaires énergétiques, Hussein al-Chahristani, a par ailleurs estimé que l'armée irakienne devait «faire davantage» pour protéger cet oléoduc dans le nord du pays. Une telle critique des forces de sécurité est rare en Irak.

Le pays a exporté 80,04 millions de barils de pétrole en mai, soit une moyenne de 2,58 millions de barils par jour (mbj), qui lui ont rapporté 8,68 (BIEN 8,68) milliards de dollars, a détaillé le ministère du Pétrole dans un communiqué.

Ces chiffres marquent une hausse de la moyenne quotidienne des exportations par rapport au mois d'avril, lors duquel elles s'étaient élevées à 2,5 mbj, mais ils restent encore en retrait par rapport à février. La production avait alors atteint 3,5 mbj et les exportations 2,8 mbj, un chiffre qui n'avait plus été enregistré depuis plus de deux décennies.

M. Chahristani a indiqué tabler sur un niveau d'exportations à 3 millions mbj d'ici la fin de l'année.

Les ventes en mai se sont faites depuis les terminaux pétroliers du sud de l'Irak, a précisé le ministère, les attaques d'insurgés ayant provoqué une suspension des exportations via l'oléoduc reliant la province irakienne de Kirkouk au port turc de Ceyhan.

L'oléoduc est à l'arrêt depuis début mars et ne devrait pas reprendre avant plusieurs jours. A son plus haut niveau, il transportait 500 000 mbj, destinés à l'exportation.

«J'ai signalé à plusieurs reprises que ceci - la protection de l'oléoduc d'exportation - devrait être une priorité nationale», a déclaré M. Chahristani.

«Je crois que l'armée aurait dû faire davantage pour protéger les oléoducs que ce qu'elle a fait jusqu'à présent», a-t-il ajouté.

Selon M. Chahristani, l'armée aurait dû avoir depuis fin mars une nouvelle division spécialement affectée à la protection de cet oléoduc, mais les armes et équipements nécessaires ne sont pas encore arrivés.

Les exportations ont également été limitées en raison d'un conflit entre le gouvernement fédéral et la région autonome du Kurdistan irakien.

La Turquie a annoncé en mai avoir commencé à livrer sur les marchés internationaux du pétrole en provenance du Kurdistan irakien, alors que Bagdad exige que toutes les exportations de pétrole pompé sur le territoire irakien passent par le gouvernement central.

Le gouvernement irakien, en conflit depuis des années avec les autorités kurdes d'Erbil à ce sujet, a déposé le 23 mai une plainte contre la Turquie devant la Chambre de commerce internationale (ICC), basée à Paris.

Les exportations de brut représentent plus de 75% du PIB et plus de 90% des revenus de l'État, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Les autorités irakiennes, qui peinent à diversifier l'économie, entendent accroître les volumes dans les années à venir, pour atteindre une production de 9 millions de barils par jour (mbj) en 2017, afin de favoriser la croissance.