Les opposants à l'exploration pétrolière au Québec ont beau se faire entendre sur la place publique, le programme d'exploration à Anticosti va de l'avant.

De 60 à 65 personnes travailleront dans l'île d'Anticosti dès cet été dans le cadre de la première phase du programme d'exploration pétrolière. La société Pétrolia [[|ticker sym='V.PEA'|]] et ses partenaires y investiront de 12 à 15 millions au cours des six prochains mois.

«Avec quatre appareils de forage, on entreprend dans les prochaines semaines une campagne de sondages de forage de type minier pour prendre des carottes», explique le vice-président exécutif de Pétrolia, Alexandre Gagnon, en entrevue après son allocution devant les Manufacturiers et exportateurs du Québec. «Ces carottes vont être envoyées en laboratoire pour déterminer le meilleur emplacement dans l'île pour les trois prochains forages pétroliers avec fracturation qui, eux, sont prévus à l'été 2015.»

Les travaux servent à déterminer le taux de récupération du pétrole présent à Anticosti. Dans le gisement Utica, en Ohio, formation géologique équivalant à Anticosti, le taux de récupération est de 5%.

Ce programme fait suite à la transaction annoncée le 13 février dernier dans laquelle le gouvernement du Québec a pris une participation de 35% dans le projet Anticosti, moyennant une contrepartie de 70 millions. La société française Maurel et Prom, par sa filiale Saint-Aubin, injecte 43,33 millions pour une participation de 21,7% dans une société en commandite qui récupère les permis détenus antérieurement par Pétrolia et Corridor Resources à Anticosti.

Potentiel économique

Outre les détails du projet d'exploration à Anticosti, M. Gagnon a fait état dans son allocution de l'immense potentiel économique que recèle l'exploitation du pétrole pour le Québec.

À Haldimand, près de Gaspé, Pétrolia soutient que pas moins de 7,7 millions de barils sont potentiellement récupérables, en citant une firme spécialisée de Calgary. Le potentiel de revenus totaux atteint les 800 millions. Le gouvernement du Québec pourrait récupérer 200 millions de redevances sur la durée de vie du gisement, a soutenu M. Gagnon.

«Pour ce projet, on attend le dépôt des résultats de l'étude hydrogéologique commandée par le gouvernement du Québec, dont les résultats, nous le souhaitons, rassureront suffisamment la Ville de Gaspé pour qu'elle mette fin à son processus juridique», a dit M. Gagnon, dans son allocution.

La Ville de Gaspé a perdu en Cour supérieure en février dernier. Le tribunal a invalidé son règlement municipal sur les distances minimales à respecter entre les lieux de forage et les sources d'eau potable. Gaspé a depuis interjeté appel.

Selon M. Gagnon, Haldimand est le projet le plus près de la mise en production au Québec. Il reste néanmoins à vérifier si la production commerciale est possible.

«Ce projet est un forage horizontal à Gaspé, un forage conventionnel, sur du pétrole conventionnel, avec un équipement conventionnel sans fracturation hydraulique», a-t-il souligné, à un auditoire gagné à sa cause.

D'après M. Gagnon, la mise en valeur d'un secteur pétrolier au Québec contribuera à améliorer les finances publiques et à réduire le déficit commercial québécois. Elle aidera à corriger certaines lacunes de l'économie de la province comme la création d'emplois, la faiblesse relative de la rémunération et le bas niveau des investissements privés.