L'industrie pétrolière des États-Unis a répliqué, mardi, contre le renforcement des règles pour les wagons-citernes transportant du pétrole brut après une série d'accidents inquiétants, affirmant dans un nouveau rapport que le pétrole extrait de la formation de Bakken, dans les plaines du nord du pays, n'est pas plus dangereux que certaines autres marchandises qui circulent sur les rails.

Mais le résultat de cette étude financée par l'industrie diffère de la position du gouvernement fédéral américain, qui a diffusé en janvier une alerte de sécurité au sujet du potentiel de volatilité élevée du pétrole brut provenant de la formation de Bakken.

Le pétrole extrait au Dakota du Nord et au Montana est comparable aux autres pétroles bruts légers, avec des caractéristiques qui respectent largement la marge de sécurité pour les wagons-citernes actuellement utilisés, affirme l'étude de l'industrie.

Kari Cutting, vice-présidente du North Dakota Petroleum Council, affirme que cette étude prouve que les règles fédérales actuelles «sont adéquates».

Mais un ancien haut responsable fédéral de la sécurité ferroviaire aux États-Unis n'est pas d'accord et estime que les accidents survenus récemment en Amérique du Nord sont suffisants pour justifier une intervention du gouvernement.

«Nous avons déjà des exemples de ce pétrole en particulier qui explose», a déclaré Grady Cothen, ancien administrateur de la sécurité à la Federal Railroad Administration. «C'est ainsi que la question doit être traitée d'un point de vue réglementaire, malgré les distinctions» faites par les sociétés pétrolières.

Des trains transportant du pétrole de la formation de Bakken ont été impliqués dans au moins huit accidents majeurs depuis un an aux États-Unis et au Canada, notamment la catastrophe de Lac-Mégantic, au Québec, qui a fait 47 morts l'été dernier. D'autres trains semblables ont aussi déraillé et pris feu en Alabama, au Dakota du Nord, au Nouveau-Brunswick et en Virginie.

Les autorités réglementaires américaines ont réagi en tentant de décourager les expéditeurs d'utiliser les vieux modèles de wagons-citernes de type DOT-111, connus pour leur fragilité en cas d'accident. Le gouvernement canadien a pour sa part ordonné le retrait de tous les vieux modèles de ces wagons pour transporter du pétrole d'ici mai 2017.

Il y aurait environ 65 000 vieux wagons DOT-111 en circulation en Amérique du Nord, dont le tiers roulerait au Canada.

Le département américain des Transports a diffusé en janvier une alerte de sécurité sur le pétrole brut de Bakken, qui provient d'une immense réserve de pétrole de schiste ayant fait du Dakota du Nord le deuxième État producteur de pétrole du pays, après le Texas.

Le North Dakota Petroleum Council, qui représente plus de 500 entreprises pétrolières du Dakota du Nord et du Montana, a payé 400 000 $ US pour obtenir cette étude sur les caractéristiques du pétrole brut de Bakken. Le groupe affirme que plus de 150 échantillons de pétrole ont été prélevés dans différents puits et installations ferroviaires de la région, et envoyés à des laboratoires indépendants pour être analysés. Les résultats seront remis aux autorités réglementaires américaines ce mois-ci, a indiqué le groupe.

La semaine dernière, un groupe de lobbying des raffineurs de pétrole américains avait également conclu que le pétrole de Bakken n'est pas plus risqué ni inflammable que les autres types de pétrole s'il est transporté correctement en vertu des règles actuelles.

Le transport du pétrole de la formation de Bakken par train a commencé en 2008. Selon les autorités du Dakota du Nord, plus de 700 000 barils de pétrole brut sont transportés chaque jour par train vers les raffineries des États-Unis et du Canada.