Le gouvernement fédéral doit offrir du financement, de la formation et des incitatifs afin de s'assurer que la révolution technologique dans l'industrie forestière crée des emplois bien rémunérés localement plutôt qu'à l'étranger, conclut une étude commandée par Ressources naturelles Canada.

Cette étude, obtenue par La Presse Canadienne en vertu de la Loi d'accès à l'information, visait à faire des recommandations pour soutenir le secteur canadien de l'équipement forestier.

Les produits traditionnels de l'industrie forestière, le bois d'oeuvre et les pâtes et papiers, vivent des années difficiles, depuis que l'industrie de la construction aux États-Unis a accusé le coup de la récession économique de 2008 et que le Web remplace de plus en plus le papier. Au Québec seulement, 30 000 emplois ont été perdus depuis 2008.

Les industries des biogaz et des biomatériaux, qui proposent de nouveaux usages à la fibre de bois, offrent aux Canadiens l'opportunité de compenser pour le recul des produits forestiers, mais l'équipement nécessaire à ces technologies provient de plus en plus de l'étranger.

Le rapport du Groupe DDM, une firme d'experts en matière d'évaluation, planification, gestion et mise en valeur des ressources naturelles et du territoire, affirme qu'Ottawa et les provinces devraient commencer à proposer des mesures incitatives pour que les usines achètent des équipements canadiens plutôt qu'étrangers. Ottawa devrait également favoriser l'accès au crédit pour les manufacturiers.

On recommande aussi plus de programmes de formation des travailleurs et du financement pour des campagnes de marketing pour la technologie canadienne.

«Les transformateurs canadiens du bois comptent largement sur des équipements fabriqués à l'étranger même lorsque le Canada offre des équipements équivalents», conclut l'étude datée du mois de mars, qui a coûté 76 000 $ au ministère.

«Les manufacturiers canadiens d'équipement de foresterie sont en compétition contre des géants internationaux malgré leur taille relativement plus modeste. Des emplois sophistiqués bien rémunérés en innovation et en développement sont disponibles dans d'autres pays, spécialement en Suède, en Finlande, en Allemagne, en Autriche et aux États-Unis.»

Environ 365 firmes canadiennes dans le secteur manufacturier d'équipement de foresterie emploient plus de 57 000 personnes. Cette industrie rapporte environ un milliard de dollars par année.

Le secteur forestier en entier a enregistré des pertes opérationnelles nettes en 2008 et en 2009 et n'a pas encore retrouvé son niveau d'activités d'avant la récession.

Une entente avec les États-Unis sur le bois d'oeuvre, qui réduit les tarifs douaniers, arrive à échéance en octobre de l'année prochaine. Québec affirme avoir été traité injustement par cet accord et veut de meilleures conditions à l'avenir.

Le budget fédéral 2014 a prévu 90 millions $ sur quatre ans pour aider les compagnies forestières à devenir plus efficaces et écoresponsables, et à développer de nouveaux produits.

Selon une porte-parole du ministère des Ressources naturelles, les autorités étudient toujours les conclusions de l'étude. «Jusqu'à maintenant, aucune des recommandations du rapport n'a été mise en oeuvre», a confirmé Michelle Viau par courriel.