Trois mois après avoir lancé une offre hostile pour mettre la main sur la plus importante société minière québécoise, Osisko (T.OSK), le géant vancouvérois Goldcorp (T.G) a finalement jeté l'éponge hier.

Goldcorp ne bonifiera donc pas une nouvelle fois son offre pour Osisko, qui se chiffrait à environ 3,6 milliards de dollars. La semaine dernière, ses rivales torontoises Yamana Gold et Agnico Eagle ont présenté une offre évaluée à 3,9 milliards.

«Nous avons indiqué dès le commencement de ce processus que nous maintiendrions une approche disciplinée», a déclaré le PDG de Goldcorp, Chuck Jeannes, dans un communiqué.

L'offre d'achat de Goldcorp, qui expire ce soir, ne sera donc pas prolongée et deviendra caduque. La société aurifère ayant la deuxième valeur boursière en importance dans le monde met ainsi fin à une longue série d'efforts vains pour acquérir Osisko. Les premières démarches remontaient à 2008.

Soulagement chez Osisko

Chez Osisko, on se disait soulagé hier que Goldcorp n'ait pas réussi à «voler» l'entreprise fondée en 1998. Mais le coeur n'était pas à la fête non plus, loin de là.

«C'est une journée triste», a commenté le chef de la direction financière d'Osisko, Bryan Coates, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

«Il y a 99 jours, Osisko exécutait son plan d'affaires, a rappelé M. Coates. Aujourd'hui, on voit que les gens de Goldcorp ont parti un bal qu'ils n'étaient pas capables de finir et ils nous ont détruits en cours de chemin.»

Osisko exploite à Malartic, en Abitibi, la plus grande mine d'or au Canada. L'entreprise emploie 770 personnes.

Le 13 janvier, le dépôt de la première offre de Goldcorp, d'une valeur de 2,6 milliards, a contraint les dirigeants et les administrateurs d'Osisko à mettre l'entreprise aux enchères. Le 2 avril, Osisko a finalement trouvé son chevalier blanc, Yamana, qui offrait alors d'acheter la moitié d'Osisko pour 1,37 milliard.

Une semaine plus tard, Goldcorp a bonifié sa propre offre de 1 milliard pour la porter à 3,6 milliards (pour la totalité d'Osisko), soit 5 cents de plus par action que celle de Yamana. Puis, la semaine dernière, Yamana s'est alliée à Agnico Eagle pour faire une nouvelle proposition de 3,9 milliards, soit 8% de plus que l'offre de Goldcorp.

Fin abrupte

«Nous, on a fait notre job: on a créé de la valeur pour nos actionnaires, a souligné Bryan Coates. Mais Osisko, c'était une belle histoire. Ce n'est pas la fin qu'on avait prévue. On se voyait comme une société minière indépendante de premier plan à l'échelle mondiale.»

Les actionnaires d'Osisko seront convoqués en assemblée annuelle à Montréal vers le 20 mai pour entériner l'offre d'achat de Yamana et d'Agnico Eagle.

M. Coates a assuré hier que la direction d'Osisko allait maintenant tout faire pour convaincre les deux acheteurs de maintenir en poste le plus grand nombre possible de salariés de l'entreprise après la clôture de la transaction.

En vertu de l'entente conclue avec Yamana et Agnico Eagle, une nouvelle entreprise Osisko sera créée à Montréal à partir d'actifs d'exploration jugés prometteurs au Mexique. Cet «Osisko 2» recevra également des redevances provenant de la mine de Malartic.

L'action d'Osisko a perdu 3,4% hier à Toronto, pour clôturer à 7,73$. Goldcorp a pour sa part progressé de 2%, à 26,53$.

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LES PLUS GRANDES MINES D'OR AU CANADA

Mine/production prévue en 2014 (en onces d'or)

> Canadian Malartic, Québec (Osisko)/532 000

> Detour Lake, Ontario (Detour Gold)/475 000

> Red Lake, Ontario (Goldcorp)/460 000

> Meadowbank, Nunavut (Agnico Eagle)/430 000

> Porcupine, Ontario (Goldcorp)/298 000