Le développement de la filière de l'énergie fossile aurait miné la vitalité du secteur manufacturier, tant au Québec qu'au Canada, selon une étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS).

Le rapport présenté mercredi refait le parcours des politiques industrielles québécoises et canadiennes depuis les années 1950. L'IRIS conclut que graduellement, le système fiscal avantageux mis en place a facilité l'exploration et l'exploitation des ressources naturelles non renouvelables. Cette tendance s'est accélérée depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir à Ottawa.

Conséquemment, le Québec a été entraîné dans cette filière économique. En fait, selon l'étude, le «climat économique» a influencé le Québec à envisager un développement industriel tourné vers le gaz de schiste et le potentiel pétrolier dans le golfe du Saint-Laurent.

Cette influence fédérale fait dire à l'IRIS que le choix de l'exploitation des ressources non renouvelables trouve ses origines dans la dépendance du Québec aux stratégies économiques fédérales.

Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l'IRIS, soutient que pour chaque emploi créé dans le secteur pétrolier, 30 emplois ont été perdus dans le secteur manufacturier.

Et selon elle, plus le pétrole connaît du succès, plus les chances du secteur manufacturier s'amenuisent, en raison de son impact sur la valeur du dollar.

«La valeur du dollar augmente au fur et à mesure que le prix du baril augmente aussi. Les exportations deviennent moins intéressantes pour les pays importateurs ce qui vient créer un débalancement», estime Mme Couturier.

L'IRIS propose l'émergence d'un nouveau secteur manufacturier fondé sur les énergies vertes. Au lieu d'investir 115 millions de dollars pour financer l'exploration pétrolière à Anticosti, Eve-Lyne Couturier évalue qu'il serait plus bénéfique, en termes d'emplois, de consacrer le même montant pour financer la bioénergie ou le secteur solaire.

« Le pétrole rapporte gros à ceux qui l'exploitent, mais il n'est pas particulièrement créateur d'emplois, en plus d'être polluant», conclut quant à lui Bertrand Schepper, un autre auteur de cette étude.