Très critiqué l'an dernier à ce sujet par des actionnaires déjà mécontents de sa chute en Bourse, le géant aurifère Barrick Gold s'est résolu à réviser substantiellement la rémunération de ses hauts dirigeants.

L'entreprise a réduit leurs primes annuelles tout en misant davantage sur leur rendement à long terme et en exigeant que ceux-ci possèdent davantage d'actions de la société.

Conséquence immédiate: la rémunération totale des 5 principaux dirigeants de Barrick pour l'exercice 2013 a été ramenée à 28,9 millions US, comparativement à 44,8 millions US en 2012.

Ces changements à la politique de rémunération sont annoncés dans la circulaire de direction que Barrick a envoyée hier à ses actionnaires, en prévision de l'assemblée annuelle du 30 avril à Toronto.

Ces changements font suite à la fronde lancée l'an dernier par un groupe de gros actionnaires, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui contestait notamment la prime à l'embauche de 11,9 millions versée à l'Américain John Thornton, à titre de nouveau coprésident du conseil de Barrick.

Cette fronde d'actionnaires d'importance avait ensuite mené à la défaite du vote consultatif sur la rémunération des dirigeants au cours de l'assemblée de tous les actionnaires, du jamais-vu alors dans le milieu des affaires au Canada.

Dans une lettre spéciale aux actionnaires, incluse dans la nouvelle circulaire de direction, le président du comité de rémunération au conseil d'administration de Barrick, Brett Harvey, admet que l'entreprise, après «beaucoup de consultations auprès d'un nombre important d'actionnaires», a dû adopter un programme qui «harmonise les intérêts des membres de la haute direction et les intérêts à long terme de nos actionnaires».

Selon M. Harvey, les premières étapes de cette réforme ont été implantées durant l'exercice 2013, et d'autres suivront au cours du présent exercice.

Entre-temps, le compte rendu détaillé de la rémunération des hauts dirigeants en 2013 montre que le coprésident du conseil, John Thornton, a obtenu 9,4 millions US en salaire et primes diverses. Ce montant est réduit presque de moitié par rapport aux 17 millions US qui lui avaient été attribués en 2012 et qui comprenaient une prime à l'embauche de 11,9 millions US. Néanmoins, le salaire de base de M. Thornton a été presque doublé, de 1,4 à 2,5 millions US, entre les exercices 2012 et 2013. Il a aussi obtenu en 2013 une nouvelle prime en «incitatifs à long terme» de 5 millions US sous la forme de titres au capital de Barrick.

Parmi les autres hauts dirigeants du géant aurifère, le chef de la direction, Jamie Sokalsky, a obtenu une valeur totale de 7,7 millions US en salaire et primes pour l'exercice 2013, comparativement à 11,3 millions US en 2012, qui était aussi l'année de sa promotion de vice-président et chef financier à président et chef de la direction.

Quant au président du conseil de Barrick, Peter Munk, qui prendra sa retraite à la prochaine assemblée annuelle, il a obtenu une rémunération totale de 3,9 millions US en 2013, comparativement à 4,3 millions US un an plus tôt.

Avec les changements apportés à sa politique de rémunération, Barrick soutient que ses hauts dirigeants seront davantage évalués à l'avenir sur leur performance individuelle et collective, selon des critères qui auront été annoncés d'avance aux actionnaires.

Ce «bulletin» de la haute direction comprendra huit mesures de performance, incluant le rendement sur le capital, les dividendes aux actionnaires et les objectifs de fonds autogénérés.

Barrick affirme aussi qu'une large part de la rémunération des hauts dirigeants comprendra des options convertibles en actions, mais celles-ci ne pourront être vendues avant que les dirigeants ne quittent la société.

Enfin, Barrick promet qu'une petite partie seulement de la rémunération totale de ses hauts dirigeants sera désormais basée sur des primes.

La société aurifère a en outre haussé le nombre minimum d'actions que les dirigeants doivent détenir, lesquelles doivent représenter en valeur au moins 10 fois leur salaire au lieu de 4 fois comme auparavant.

Barrick a connu une année difficile en 2013 en raison de la baisse marquée des prix de l'or. La société torontoise a dû effectuer des radiations d'actifs de plusieurs milliards de dollars, en plus de réduire ses dividendes et ses effectifs.

De plus, Barrick a suspendu les travaux sur son gros projet aurifère Pascua-Lama, en Amérique du Sud, en raison des restrictions décidées par des gouvernements locaux mécontents de ses pratiques de développement.