Les États-Unis ont levé jeudi la mesure excluant des contrats fédéraux la compagnie pétrolière britannique BP, à l'origine en 2010 de la plus vaste marée noire de l'histoire du pays.

L'accord «signé aujourd'hui va autoriser le groupe (...) à concourir à nouveau pour les contrats et baux fédéraux», s'est réjoui le patron de la compagnie aux États-Unis, John Mingé.

«C'est un accord équitable qui exige que BP améliore ses pratiques», a réagi pour sa part Craig Hooks, le responsable adjoint de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA)

Immédiatement applicable et valable cinq ans, il a été signé avec l'EPA après de longs mois de discussions. Il intervient quasiment 16 mois après que BP eut été exclu des appels d'offre fédéraux.

Le 28 novembre 2012, l'administration américaine avait écarté le groupe pétrolier de la vente de droits d'exploration sur près de 8100 hectares dans l'Ouest du Golfe du Mexique, sa principale région de production de pétrole.

La situation s'était répétée par deux fois les 4 janvier et 1er février 2013, pour de nouveaux contrats.

Gros fournisseur du Pentagone

L'EPA avait expliqué sa décision d'exclure temporairement BP de nouveaux contrats fédéraux par le «manque d'intégrité professionnelle» du groupe lors de l'explosion de la plateforme Deepwater, située à 80 kilomètres au large de La Nouvelle-Orléans.

Deepwater, opérée par BP, avait explosé puis coulé en avril 2010, faisant 11 morts et engendrant la plus grosse marée de noire de l'histoire des États-Unis. BP, qui avait plaidé coupable pour cette catastrophe écologique, avait dû payer une amende de plus de 4,5 milliards de dollars.

BP est le principal fournisseur en carburant du Pentagone, aussi bien aux États-Unis qu'à l'étranger.

Les contrats en cours n'étaient pas affectés par la décision de l'EPA, mais les exclusions de contrats fédéraux empêchaient BP d'obtenir notamment de nouvelles concessions d'exploration du gouvernement dans le golfe du Mexique, où le groupe assure être le principal producteur de pétrole et gaz en eaux profondes dans le cadre de baux fédéraux.

Ses activités américaines comptent pour plus de 30% dans ses bénéfices avant impôts, selon son rapport financier. Les États-Unis comptent pour un cinquième de sa production globale de pétrole et de gaz.

BP détient notamment des raffineries à Toledo dans l'Ohio (nord-est), Whiting dans l'Indiana (Midwest) ou encore à Cherry Point dans l'état de Washington (ouest).

Milliards de dollars pour les victimes

Au vu des pertes potentielles à venir, la compagnie avait engagé en août une action judiciaire devant un tribunal du Texas (sud) contre l'EPA. La compagnie pétrolière affirmait avoir été assez punie depuis l'explosion et l'incendie de la plate-forme Deepwater Horizon.

BP demandait à la justice de lever cette interdiction «punitive, excessive, arbitraire et capricieuse» et donc de la déclarer «nulle et vide de substance».

Le groupe réclamait aussi une indemnisation «juste» et le remboursement de ses frais d'avocats.

Dans le cadre de l'accord signé jeudi, BP a accepté d'abandonner ses poursuites contre l'EPA. Il s'est aussi engagé à mettre en place des règles de sécurité, d'éthique et de gouvernance compatibles avec les pratiques standard exigées par les autorités américaines.

Il va notamment embaucher un auditeur indépendant pendant les cinq ans de l'accord pour examiner ses pratiques.

La marée noire de 2010 a affecté pendant plusieurs trimestres les bénéfices du groupe pétrolier malgré les réserves mises de côté pour faire face à de nombreuses demandes d'indemnisations, dont un accord de 7,8 milliards de dollars conclu avec des milliers de victimes.