Les cours des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont été ballottés cette semaine, au gré des inquiétudes concernant l'économie chinoise et des péripéties de la crise en Ukraine.

Le groupe des métaux industriels a été plombé en début de semaine par la confirmation de la contraction de la production manufacturière en Chine en février.

L'indice PMI des directeurs d'achat calculé par HSBC est en effet tombé à 48,5 en février, contre 49,5 en janvier. Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, alors qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction.

Le chiffre définitif de HSBC est légèrement supérieur à l'indice provisoire de 48,3 diffusé le 20 février, mais il s'établit en deçà de l'indice PMI officiel publié samedi par le gouvernement chinois, à 50,2.

«À 50,2, l'indice est maintenant à son plus bas niveau en huit mois et se tient tout juste au-dessus de la barre des 50, qui indique une expansion. Autrement dit, l'économie chinoise refroidit», ont jugé les économistes de Commerzbank.

Les métaux de base ne cessent d'être ballottés au gré des informations sur l'économie chinoise, car la deuxième économie mondiale est de loin le premier consommateur de ces matières premières (entre 40 % et 60 % de la demande mondiale selon les métaux).

De plus, «la montée des tensions géopolitiques en Crimée a pesé (lundi) sur le groupe des métaux de base», ces derniers étant considérés comme des actifs à risque, a signalé Leon Westgate, analyste de Standard Bank.

Du coup, le cuivre, l'aluminium et le plomb ont chuté lundi, tombant à leurs plus bas niveaux depuis trois mois pour le premier (à 6944 dollars la tonne) et depuis mi-février pour les deux suivants (à 1715 dollars et 2095 dollars).

Les métaux de base se sont ensuite quelque peu repris, dans la foulée d'un apaisement des tensions entre l'Ukraine et la Russie.

«Des signes d'un apaisement dans l'immédiat du conflit entre la Russie et l'Ukraine a donné lieu à un plus grand appétit pour le risque parmi les acteurs du marché. En conséquence, les prix des métaux ont brusquement augmenté», ont détaillé les experts de Commerzbank.

L'aluminium a ainsi atteint jeudi son niveau le plus élevé depuis un mois et demi, à 1802 dollars la tonne.

Toutefois, les métaux de base sont repartis à la baisse vendredi, de nouveau affolés par des inquiétudes sur la Chine, où une entreprise a été la première victime d'un défaut de paiement sur des obligations.

Le cuivre est ainsi tombé vendredi à 6797,25 dollars la tonne, son niveau le plus faible en sept mois.

Ce défaut intervient alors que s'avivent en Chine les préoccupations sur les produits émis par une soixantaine de trusts et sociétés de crédit, évoquant pour certains le spectre des «obligations pourries» américaines.

Le nickel et le zinc à contre-courant

Le nickel et le zinc ont ignoré les tensions en Ukraine et les inquiétudes sur la Chine cette semaine, grimpant à leur plus haut niveau depuis respectivement neuf mois (à 15.562 dollars la tonne jeudi) et un an (à 2143,50 dollars la tonne mercredi).

Le nickel continue d'être soutenu par l'interdiction d'exporter ce minerai d'Indonésie, premier exportateur mondial de cette matière première, ont indiqué les analystes du courtier Triland Metals.

De son côté, le zinc est porté «par un déclin des stocks (de ce métal) sur les Bourses démontrant un déficit croissant, qui émerge à cause d'une demande robuste et d'une offre restreinte», ont expliqué les analystes de Natixis.

Les stocks de zinc dans le réseau d'entrepôt agréés du LME ont chuté à 752 000 tonnes mercredi, au plus bas depuis juillet 2011.

En 2013, le marché mondial du zinc a été en déficit pour la première fois depuis six ans, de 60 000 tonnes, selon le Groupe international d'étude sur le plomb et le zinc (ILZSG).