Orbite Aluminae, qui veut fabriquer de l'alumine à partir d'argile gaspésienne, a annoncé hier le départ de son PDG, Richard Boudreault. Depuis sa nomination chez Orbite, en 2007, M. Boudreault incarnait l'entreprise presque à lui seul. Il sera remplacé par Glenn Kelly, qui est chef de l'exploitation d'Orbite depuis mai 2013. M. Kelly a répondu hier aux questions de La Presse Affaires.

Q Qu'est-ce qui a conduit au départ de Richard Boudreault?

R L'année 2013 a été difficile pour Orbite, et le conseil en est venu à la conclusion que l'entreprise avait besoin d'habiletés différentes. Un virage a été amorcé en juin dernier avec mon arrivée comme chef de l'exploitation et les autres changements apportés à l'équipe de direction. Aujourd'hui, nous nous concentrons sur la commercialisation des technologies d'Orbite.

Q Au moment de votre embauche, vous avait-on parlé de la possibilité que vous puissiez devenir PDG?

R Pas vraiment. On a fait appel à moi pour mettre en place une équipe axée moins sur le développement technologique et davantage sur les opérations et les aspects commerciaux.

Q La technologie d'Orbite reposait beaucoup sur M. Boudreault. Son départ ne créera-t-il pas un vide?

R D'abord, M. Boudreault restera à la disposition d'Orbite pendant six mois à titre de consultant. Et c'est faux de dire que la technologie dépend beaucoup de lui. Le secret le mieux gardé d'Orbite, c'est notre centre de développement technologique de Laval, qui est dirigé par le chimiste Hubert Dumont et notre équipe d'ingénierie menée par Denis Arguin. La technologie et son développement futur sont vraiment entre leurs mains. Notre profondeur est assez exceptionnelle.

Q Est-ce que M. Boudreault aura droit à une indemnité de départ?

R Une entente a été convenue à l'amiable entre les parties, mais ses modalités sont confidentielles.

Q La construction de l'usine commerciale d'alumine de haute pureté a pris beaucoup de retard l'an dernier. Où en êtes-vous?

R Avec les financements totalisant 56 millions que nous avons obtenus l'automne dernier, nous avons les fonds requis pour terminer l'usine de Cap-Chat (les travaux sont évalués à 30 millions). L'ingénierie a commencé en janvier, et les équipements majeurs seront commandés en mars. La construction sera lancée l'été prochain pour une mise en route de l'usine vers la fin de l'automne. Le début de la production commerciale est prévu pour 2015.

Q La mise à l'épreuve de la technologie d'Orbite a connu d'importants ratés l'an dernier, ce qui a entraîné la fin de la production préliminaire. Les problèmes sont-ils réglés?

R Les problèmes provenaient du calcinateur, qui ne fonctionnait pas correctement. C'est pourquoi nous allons le remplacer par un nouveau modèle. Ce n'était pas un problème de procédé ou de technologie, mais d'équipement.

Q Vous êtes en négociations avec Québec pour un investissement en capital-actions qui pourrait atteindre 10 millions. Pensez-vous pouvoir conclure une entente avant les élections?

R Je ne le sais pas. Il reste à obtenir l'approbation du Conseil des ministres, ce qui est indépendant de notre volonté. Mais le dossier avance bien.

Q Orbite a conclu des accords avec les géants Rusal et Glencore pour leur vendre son éventuelle production d'alumine métallurgique. Ces accords sont-ils encore en vigueur?

R Oui, mais notre priorité pour 2014, c'est l'usine d'alumine de haute pureté (destinée à l'industrie électronique). Les prix de ce type d'alumine sont beaucoup plus élevés que ceux de l'alumine métallurgique. Par contre, Glencore a montré son intérêt à investir dans notre future usine d'alumine métallurgique, et les discussions là-dessus doivent commencer cette année.