Les producteurs canadiens de sables bitumineux comptent un lien direct entre l'Alberta et la côte du golfe du Mexique avec l'inauguration, mercredi, de la portion sud de l'oléoduc Keystone XL.

Pendant ce temps, les opposants au projet ont promis de jeter «un regard d'aigle» sur le nouvel oléoduc, alors qu'ils continuent de presser le président Barack Obama de rejeter la portion nord, plus large et controversée, du système.

«Ce matin, nous avons procédé à une modification majeure de l'endroit où le plus grand raffineur au monde obtient son pétrole», a lancé Alex Pourbaix, le directeur responsable des oléoducs chez TransCanada, la société qui construit le pipeline.

Le président-directeur général Russ Girling a décrit le projet de 2,3 milliards $ de situation «gagnante-gagnante-gagnante pour les raffineurs de la côte du Golfe, qui auront accès à une source de pétrole brut moins dispendieuse et plus sécuritaire; pour les producteurs de brut d'Amérique du Nord, qui obtiendront un meilleur prix pour le pétrole enclavé, et pour les consommateurs, qui pourraient payer leur essence moins cher à la pompe puisque les importations étrangères et dispendieuses seront remplacées.

Les seuls perdants, a-t-il ajouté, sont les fournisseurs étrangers dont le produit disparaîtra du lucratif marché du Golfe.

«Nous constatons un énorme changement dans les marchés énergétiques en Amérique du Nord et dans la livraison de l'énergie, a déclaré M. Girling lors d'une conférence de presse, mercredi.

«L'oléoduc de la côte du golfe a été conçu pour relier la production de pétrole nord-américaine aux marchés nord-américains.»

M. Girling a assuré qu'il n'y avait «aucune chance» que le brut soit exporté du golfe vers des destinations outre-mer - du moins pas de son vivant - rejetant une affirmation commune de la part d'opposants à l'oléoduc.

En 2010, TransCanada a commencé à acheminer du pétrole brut vers des raffineries du midwest américain à l'aide de sa méthode d'origine, prolongeant le corridor, un an plus tard, vers Cushing, en Oklahoma, une plaque tournante pétrolière qui regorge de réserves nord-américaines. Les surplus à Cushing ont permis de baisser les prix du pétrole nord-américain enclavé.

L'oléoduc mis en opération mercredi allonge le corridor existant de Cushing jusque vers la côte du Texas, où les raffineurs sont assoiffés de brut canadien pour remplacer les cargos venant de pays tels le Venezuela.

Des volumes relativement restreints d'environ 500 000 barils de brut canadien par jour sont parvenus à se «frayer» un chemin vers le Golfe, a déclaré M. Girling. Le nouvel oléoduc signifie que cette année, la production pouvant être acheminée vers les marchés de la côte du golfe pourrait être plus que décuplée.

L'oléoduc de la côte du golfe commencera avec une capacité quotidienne de 300 000 barils, et pourrait s'élever à une moyenne de 520 000 barils par jour pendant la première année d'opération. L'oléoduc a un potentiel pour atteindre jusqu'à 830 000 barils par jour.

Jane Kleeb, de Bold Nebraska, un groupe opposé au projet d'oléoduc, a affirmé que cette étape représente un jour triste pour les citoyens qui craignent pour le bien-être de leurs terres au Texas et en Oklahoma.

«Nous savons tous que cet oléoduc représente un risque énorme pour les gens qui se trouvent sur sa route, a-t-elle déclaré.

«Les citoyens n'arrêtent pas. Les citoyens jettent «un regard d'aigle» sur cet oléoduc. Ils savent qu'ils s'attendent au pire aujourd'hui alors qu'est inauguré ce pipeline.»

Lors d'une conférence téléphonique, des opposants au pipeline se sont dits inquiets de voir des équipes continuer de travailler sur l'oléoduc quelques jours avant sa mise en marche et se demandaient pourquoi certaines stations de pompage semblaient ne pas fonctionner.

«J'ai de grandes inquiétudes face à cette mise en marche, a déclaré Julia Trigg Crawford, une propriétaire foncière du Texas qui combat l'utilisation, par TransCanada, du pouvoir d'expropriation pour accéder à sa propriété.

«Cette mise en marche m'apparaît comme ayant été mal orchestrée.»

La construction de la portion nord de l'oléoduc, entre l'Alberta et l'Oklahoma, n'est pas encore commencée, à cause des craintes de risques potentiels sur l'eau potable et sur les changements climatiques.

TransCanada et le gouvernement canadien attendent la décision du département d'État américain et du président Barack Obama, dont l'approbation est requise car cette portion nord traverse la frontière entre les deux pays.