Les cours du pétrole ont poursuivi leur déclin lundi, après une semaine de fortes pertes, dans un marché américain gagné par un manque d'appétit pour le risque à la suite de chiffres contrastés aux États-Unis.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en février, qui avait perdu plus de 6 dollars la semaine dernière, a cédé 53 cents, à 93,43 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

De même, sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a perdu 16 cents, à 106,73 dollars.

Après un début de séance en légère hausse, les prix du pétrole échangé des deux côtés de l'Atlantique ont finalement cédé du terrain, plombés par un léger vent de frilosité soufflant sur les marchés financiers américains.

À Wall Street comme sur le marché du brut, «les actifs jugés risqués n'ont pas été très populaires aujourd'hui», a commenté Robert Yawger, analyste chez Mizuho Securities.

Déjà échaudés par «la plus forte perte hebdomadaire des prix du brut new-yorkais depuis le mois de juin 2012», les investisseurs ont en outre reçu avec prudence l'annonce d'une progression plus faible qu'anticipé de l'activité dans les services aux États-Unis, a-t-il ajouté.

Le brut avait tenté de rebondir à l'ouverture, soutenu par des prévisions de températures glaciales dans le centre et le nord-est des États-Unis, de bon augure pour la demande en produits pétroliers, selon Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Mais le marché peine à se ressaisir alors qu'un ensemble de facteurs de plus long terme découragent les velléités d'investissement dans ce secteur, estiment les analystes.

Les opérateurs n'oublient pas en effet «que la situation sur le terrain de l'approvisionnement aux États-Unis restent très saine», a avancé M. Yawger.

Grâce au développement des techniques non conventionnelles d'extraction du pétrole, les États-Unis se situent actuellement à un niveau de production hebdomadaire record depuis septembre 1988.

D'autre part, les cours du brut continuent de pâtir de la perspective de voir la production libyenne retrouver progressivement des niveaux normaux après des mois de conflit bloquant les installations pétrolières du pays.

Risques d'une remontée brutale

Mais la rapidité de la chute des prix observée au cours des cinq dernières séances «accentue d'autant plus les risques d'une correction brutale à la hausse en cas d'inquiétudes accrues sur le plan géopolitique», a estimé Phil Flynn, de Price Futures Group.

Le marché suivait notamment de près la situation au Soudan du Sud et en Irak, où les troubles se multipliaient.

Les combats se sont intensifiés dimanche dans plusieurs régions au Soudan du Sud - dont l'économie repose entièrement sur l'exploitation du pétrole - mais les négociations directes entre les deux camps qui s'affrontent depuis trois semaines se sont ouvertes lundi en Éthiopie.

En Irak, gros producteur pétrolier, un oléoduc qui achemine le brut du nord de l'Irak au terminal pétrolier turc de Ceyhan (sur la Méditerranée) a été bombardé la semaine dernière, provoquant un arrêt du pompage du brut.

Les oléoducs, par lesquels transite une large portion du pétrole irakien destiné à l'exportation, sont souvent pris pour cible par les insurgés, ce qui affecte les exportations.