La première vente aux enchères du marché québécois du carbone n'a pas suscité l'enthousiasme.

Le gouvernement québécois n'a réussi à écouler que le tiers des droits d'émissions qu'il avait mis en vente pour la première période de conformité, qui prend fin le 31 décembre 2014.

Pour la deuxième période de conformité, qui prend fin le 31 décembre 2016, il n'en a vendu que le quart.

Dans les deux cas, le prix de vente n'a pas décollé et est demeuré au niveau du prix de vente minimal, soit 10,75 dollars.

Seulement 18 entreprises se sont inscrites pour participer à la vente aux enchères, alors que le Système québécois de plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre (SPEDE) cible 79 entreprises pour la première période de conformité.

«Je ne suis pas surpris en ce qui concerne le prix, a déclaré Roger Fournier, un vérificateur spécialisé de la firme Carbon Quantum. Il y a une tendance à la baisse du côté de la Californie et je m'attendais à ce qu'au Québec, le prix tourne autour du prix plancher. Mais ce qui me surprend, c'est le petit nombre de droits qui a été vendu. En Californie, on a toujours vendu 100 % des droits offerts.»

Il a rappelé que Québec entendait financer son plan d'action sur les changements climatiques avec la vente de droits d'émission.

«Je ne suis pas certain que le gouvernement soit bien heureux lorsqu'il ne vend que le tiers de droits prévus», a-t-il déclaré.

Le gouvernement s'est cependant montré très satisfait. Selon le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et de Parcs, il était prévisible que Québec n'écoule par la totalité des droits parce que ceux-ci avaient été offerts au cours d'une seule vente aux enchères. À partir de 2014, il y aura quatre ventes aux enchères par année. Le nombre de droits sera donc réparti.

«Nous sommes confiants que les unités restantes seront écoulées lors des prochaines ventes, a déclaré le ministre Yves-François Blanchet par voie de communiqué. Par ailleurs, le gouvernement du Québec liera son marché du carbone à celui de la Californie au 1er janvier 2014, ce qui viendra très certainement stimuler les transactions.»

La présidente du Conseil patronal de l'environnement du Québec (CPEQ), Hélène Lauzon, a indiqué que la faible participation à la vente aux enchères pouvait en fait recouvrir une bonne nouvelle.

«Ce que cela peut envoyer comme signal, c'est que les entreprises assujetties ont peut-être réussi à réduire leurs émissions par des processus d'efficacité énergétique, a-t-elle indiqué. Elles n'avaient peut-être pas besoin de droits supplémentaires.»

M. Fournier croit toutefois que les entreprises auraient dû participer à la vente aux enchères, même si elles avaient réduit leur niveau d'émission en deçà du plafond fixé par le gouvernement.

«Le plafond va baisser chaque année, a-t-il rappelé. Plus une entreprise a réduit ses émissions, plus il est difficile de réduire ce qui reste.»

Mme Lauzon a indiqué que les entreprises avaient peut-être aussi décidé d'attendre avant de s'engager, histoire de voir les tendances du marché.

«Je m'attends à ce que 2014 soit plus actif», a-t-elle déclaré.

À partir du premier janvier 2015, donc pour la deuxième période de conformité, le SPEDE touchera un nouveau secteur, celui du transport. Contrairement aux entreprises industrielles, qui ont bénéficié d'une allocation gratuite de droits pour les aider à demeurer concurrentielle sur le plan international, ce nouveau groupe d'entreprise n'y aura pas droit.

«Il risque d'y avoir une rareté sur le marché, a déclaré Mme Lauzon. En prévision, les entreprises vont peut-être aller davantage sur le marché en 2014.»