L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé mercredi à Vienne de maintenir le plafond de production à 30 millions de barils par jour et de reconduire le secrétaire général Abdallah El-Badri, selon des ministres des pays membres du cartel.

«30 millions de barils par jour (mbj) est la production totale approuvée pour l'OPEP pour 2014», a déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh à la sortie de la réunion.

Ce statu quo était largement attendu, les ministres ayant multiplié les déclarations en ce sens avant la réunion de mercredi. La production est fixée à ce niveau depuis décembre 2011.

De son côté, le ministre algérien Youcef Yousfi a indiqué à la sortie de la réunion que le groupe avait décidé de prolonger le mandat du Libyen Abdallah El-Badri pour un an au poste de secrétaire général de l'Organisation.

Il y a un an, les ministres de l'OPEP avaient également opté pour l'extension du mandat de Abdallah El-Badri, faute d'accord entre l'Arabie saoudite, l'Iran et l'Irak qui défendent chacun un candidat.

Le Libyen tient ce poste depuis le 1er janvier 2007.

«Nous savons que la demande est bonne, que la croissance économique est bonne, que l'offre est bonne, pourquoi abaisser» le plafond de production, avait déclaré le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi avant le début de cette 164e réunion ministérielle de l'OPEP.

Pourtant, «le simple renouvellement de la cible totale (de production), peut-être suffisant pour éviter que les prix ne chutent dans la première partie de l'année prochaine, ne permettra pas de s'atteler au défi réel que devrait rencontrer l'organisation» en 2014, ont estimé dans une note les analystes du Centre d'études énergétiques mondiales (CGES).

Ce défi prend principalement la forme d'une possible forte augmentation de l'offre en provenance de l'OPEP l'année prochaine, au moment où la production hors OPEP progresse également à grande vitesse -- notamment grâce à l'exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis.

Pourtant, les ministres des pays membres du cartel n'ont pas semblé inquiets d'un possible retour en force de l'Iran sur le marché pétrolier international, si les sanctions liées à son programme nucléaire controversé étaient complètement levées.

Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh a affirmé mardi que le pays pouvait retourner «immédiatement» à son niveau de production d'avant les sanctions de 4 mbj dès la levée complète des sanctions.

«C'est notre but (de redevenir une grande puissance pétrolière). Nous n'avons pas d'autre choix», a-t-il martelé mercredi, estimant par ailleurs que l'OPEP savait gérer le retour sur le marché de ses membres après une interruption.

L'augmentation de l'offre pourrait également venir d'Irak, qui prévoit d'exporter 3,4 mbj en 2014 contre 2,318 mbj en novembre, et de Libye, qui espère voir sa production rétablie rapidement.

«Nous espérons que tous les ports seront rouverts le 10 décembre» et «une semaine après» revenir à une production normale de 1,5 mbj, a affirmé mercredi le ministre libyen du Pétrole, Abdelbari al-Aroussi.

La production libyenne de brut est altérée depuis cet été par diverses grèves et manifestations sur les lieux de production et d'exportation de pétrole, chutant à 250 000 barils en novembre contre 1,5 mbj en temps normal.

Début octobre, M. Aroussi avait déjà déclaré qu'il espérait que le pays reviendrait rapidement à son niveau normal de production. Mais ses souhaits n'avaient pas été suivis d'effet, étant donné que la production libyenne a depuis chuté d'environ 650 000 barils à 250 000 barils en novembre.

Jusqu'ici, l'Arabie saoudite a joué le rôle de «banque centrale» du pétrole en augmentant ou réduisant sa production selon l'évolution de l'offre mondiale pour maintenir le prix du baril du brut autour de 100 dollars, qu'il estime idéal.

Mais, comme préviennent les analystes de CGES, «ce fut une politique acceptable tant que le Royaume a pu la mettre en place sans supporter de grandes réductions de production, mais ce ne sera plus faisable s'il doit trop réduire sa production».