Les cours du pétrole cotés à New York ont terminé à leur plus bas en plus de cinq mois lundi, fragilisés par de nouvelles spéculations sur la politique monétaire américaine dans le cadre d'un marché abondamment fourni en or noir.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) a cédé 81 cents pour s'établir à 93,03 $, un niveau plus atteint depuis le 31 mai pour un contrat de référence.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a terminé à 108,47 $ sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 3 cents par rapport à la clôture de vendredi.

Le président de l'antenne locale de la banque centrale américaine (Fed) de New York, William Dudley, a affirmé en cours de séance qu'il distinguait «des signes préliminaires» que l'économie devenait plus vigoureuse aux États-Unis, «signalant ainsi que la réduction du programme de rachat d'actifs de la Fed de 85 milliards de dollars par mois se rapprochait», souligne Robert Yawger de Mizuho Securities USA.

Ces injections ont tendance à affaiblir le dollar et à alimenter l'appétit pour les actifs à risque, deux éléments qui jouent en faveur du pétrole.

Aussi la perspective d'une diminution de ce soutien à l'économie a tiré les prix vers le bas.

Le baril de WTI est de façon plus générale pénalisé par l'abondance de l'offre aux États-Unis après huit semaines consécutives de hausse des réserves de brut dans le pays, qui maintient le prix du baril autour de 93 $.

«Les stocks se sont gonflés de plus de 32 millions de barils (sur cette période), car la production continue de progresser à un très bon rythme» grâce au développement des techniques d'extraction non conventionnelles, rappelle Robert Yawger. «Dans ce contexte, quand on a autant de brut s'accumulant dans les tuyaux, il est difficile d'argumenter pour une hausse substantielle des cours».

Cette augmentation des réserves est entre autres la conséquence d'une explosion de l'exploitation d'or noir aux États-Unis rendue possible par le développement des techniques d'extraction non conventionnelles.

Pour Gene McGillian, courtier à Tradition Energy, les cours du brut ont aussi pâti de l'annonce «d'une nouvelle hausse des exportations en Arabie saoudite».

Selon la base de données JODI, qui recueille des statistiques officielles sur la production et la consommation de pétrole dans le monde, l'Arabie Saoudite a exporté 7,84 millions de barils par jour en septembre, soit le plus important volume d'exportations depuis près de huit ans.

Les investisseurs restent par ailleurs très attentifs à l'évolution des négociations du groupe des six, ou «5+1» (Allemagne, Chine, France, États-Unis, Royaume-Uni et Russie), avec l'Iran, qui doivent reprendre mercredi à Genève.

Si ces discussions étaient fructueuses, cela constituerait un pas supplémentaire vers la levée de l'embargo sur les exportations de pétrole iranien, qui pourrait conduire au retour rapide d'un million de barils de pétrole sur le marché mondial.