Ancienne championne de la croissance, l'entreprise de technologies propres ProSep, de Montréal, a accepté l'offre d'une société américaine de racheter la quasi-totalité de ses actifs pour la somme de 9,2 millions de dollars. La transaction survient pendant que l'entreprise bénéficie de la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Une fois conclue, cette transaction se traduira par la disparition de moins d'une dizaine d'emplois à Montréal et la perte d'un siège social, a dit son actuel président, Jacques Drouin.

Le 29 octobre, la Cour du Québec a approuvé la vente, qui sera conclue au plus tard le 22 novembre 2013.

«Ce n'est pas la fin qu'on avait imaginée, reconnaît M. Drouin, qui a consacré les 10 dernières années à l'entreprise. Au moins, les activités vont continuer, mais dans des mains étrangères.»

ProSep conçoit et vend aux sociétés pétrolières et gazières des systèmes de séparation de l'eau, du pétrole et du gaz. Entreprise innovante, ProSep (pour professionnels de la séparation) a figuré sur la liste des championnes de la croissante Fast 50 de Deloitte en 2009 avec une croissance de 18 000% entre 2004 et 2009. En 2008, M. Drouin, aujourd'hui âgé de 43 ans, a vu son nom inscrit au palmarès des meilleurs gestionnaires de moins de 40 ans au pays.

Mauvaise nouvelle pour les employés

L'acquéreur est Produced Water Absorbents (PWA), une entreprise créée en 2011. Le prix d'achat est de 4 468 117$, majoré des dettes de ProSep prises en charge. Ses financiers sont Energy Ventures, de la Norvège, et Harris&Harris, des États-Unis. Le siège social sera déménagé à Houston. «C'est une très mauvaise nouvelle pour les employés au Québec et pour le siège social de Montréal», concède M. Drouin, impuissant.

Selon les états financiers du premier semestre 2013, ProSep avait autant de dettes que d'actifs, un fonds de roulement négatif et un déficit cumulé de 104 millions. «On était une société qui n'était pas profitable et qui devait restructurer son capital», dit Jacques Drouin, pour expliquer les déboires financiers de son entreprise.

ProSep a obtenu du tribunal la permission de se protéger de ses créanciers le 28 octobre dernier. L'entreprise a une marge de crédit de premier rang de 3,7 millions accordée par BNB Bank et une débenture non garantie convertible de 4 millions qui arrive à échéance en 2014. KPMG agit comme contrôleur.

Le montant des créances non garanties s'élève à 4,5 millions, selon le site internet du contrôleur. Parmi les principaux créanciers à risque, on trouve Fondaction CSN, à qui on doit 2 816 000$, et Fiducie Desjardins, qui réclame 500 000$. Fondaction a de plus injecté 8,5 millions dans le capital-actions de ProSep en 2005.

Le président de l'entreprise n'a pas voulu estimer le montant de la vente qui reviendra aux créanciers non garantis et aux actionnaires. «Tant que la vente n'est pas conclue, il est impossible de le dire», a souligné M. Drouin. Même prudence chez Fondaction CSN.

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PROSEP EN UN COUP D'OEIL

> Conception et vente aux sociétés pétrolières et gazières de systèmes de séparation de l'eau, du pétrole et du gaz

> Président et chef de la direction: Jacques Drouin

> Ventes annuelles: 35 millions

> Employés: 100

> Installations: Houston, Haugesund (Norvège) et Kuala Lumpur

> Siège social: Montréal

> Particularités: 15 familles de brevets enregistrés dans plus de 20 pays