Le numéro un américain du pétrole, ExxonMobil, a réjoui les investisseurs jeudi avec un bénéfice, certes en repli à cause de marges de raffinage sous pression, mais malgré tout supérieur aux prévisions grâce à une progression de la production.

Le bénéfice net part du groupe, de 7,9 milliards de dollars, ressort à 1,79 dollar par action soit plus que le 1,77 dollar attendu en moyenne par les analystes de Wall Street.

Le chiffre d'affaires a lui aussi reculé, (-2,4% à 112,4 milliards de dollars), à cause de la division de raffinage, mais il a malgré tout dépassé les attentes de Wall Street.

L'action prenait 1,5% à 90,14 dollars à la mi-séance, réagissant d'autant plus favorablement à ces résultats qu'elle est nettement en baisse depuis un an.

Face aux analystes qui critiquaient la piètre performance de l'action d'ExxonMobil comparé à l'ensemble du marché et aux titres de ses concurrents, David Rosenthal, directeur des relations avec les investisseurs, s'est contenté de répondre, lors d'une conférence téléphonique, qu'ExxonMobil se concentrait sur «ce qu'il peut contrôler», à savoir «une bonne exécution» de ses projets de production.

Il a également rappelé qu'ExxonMobil avait racheté pour 3 milliards de dollars de ses actions pendant le trimestre et devrait en racheter pour la même somme au quatrième trimestre.

«La production de pétrole et de gaz naturel a augmenté alors que de nouveaux projets ont commencé à être exploités et que les activités de maintenance ont reculé», explique le groupe texan dans son communiqué.

«Une forte réduction des marges de raffinage résultant d'une augmentation des capacités du secteur ont négativement pesé sur les bénéfices» de la division d'aval, a-t-il ajouté.

En termes de divisions, les bénéfices de l'amont (exploration et production) ont augmenté de 10% à 6,7 milliards de dollars, tirés par une hausse du prix du gaz naturel et du brut, mais aussi grâce à un effet de change favorable.

La production elle-même a augmenté de 1,5% en volume au niveau mondial, en raison d'une baisse de la maintenance au Nigeria et aux États-Unis, d'une accélération de la production au Canada et au Nigeria, et d'une hausse de l'exploitation de gisements de liquides non conventionnels.

L'exploitation des très abondants gisements de schiste aux États-Unis permet d'obtenir du gaz naturel (méthane), du brut, mais aussi des produits «liquides», c'est-à-dire éthane, butane ou propane, transformables comme le pétrole.

Lors de la conférence téléphonique, les analystes se sont inquiétés d'une hausse des dépenses d'investissement et exploration, qui ont bondi de 15% à 10,5 milliards de dollars.

David Rosenthal a toutefois nié que les coûts d'exploration soient structurellement en hausse.

Il est revenu sur les nouveaux projets, qui ont permis au groupe d'augmenter sa production malgré le déclin de certains champs matures.

Il a cité l'usine de gaz naturel liquide en Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui est «construite à 90%», et le site d'extraction de sables bitumineux de Cold Lake Nabiye au Canada  qui est «achevé à 60%».

Aux États-Unis, le champ de schiste du bassin Permian voit sa production «monter en puissance», a relevé M. Rosenthal.

Les bénéfices de la division de raffinage et distribution (aval) se sont effondrés de 2,6 milliards de dollars à 592 millions de dollars, à cause d'une forte contraction des marges de raffinage due à une poussée des prix du brut notamment, mais aussi à un effet de change défavorable et de moindres recettes provenant de cessions d'actifs.

Le bénéfice de la division de produits chimiques a augmenté de 30% à 1,0 milliard de dollars, grâce à de meilleures marges.

Parallèlement, le groupe rival ConocoPhillips, qui s'est délesté de toutes ses activités de raffinage désormais regroupées sous l'enseigne Phillips 66, a publié jeudi un bénéfice net en hausse de 38% au troisième trimestre, à 2,5 milliards de dollars, grâce au produit de la vente de plusieurs actifs, notamment des sables bitumineux au Canada et ses actifs de raffinage de Phoenix Park à Trinité-et-Tobago.