S'il se concrétise, l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne n'aura qu'un impact modeste sur le secteur de l'aluminium au Québec, qui produit surtout des lingots de refonte.

Ces lingots sont les moins taxés des produits de l'aluminium qui peuvent être exportés vers l'Europe. En outre, les producteurs d'aluminium installés au Québec, comme Rio Tinto Alcan et Alcoa, ont aussi des installations de production en Europe pour alimenter ce marché.

Rio Tinto Alcan a des usines en France, en Islande, en Norvège et au Royaume-Uni. Alcoa, pour sa part, est installée en Espagne et en Italie.

Malgré tout, Rio Tinto Alcan pense que l'accord pourrait être positif pour son usine d'Alma, qui fabrique des tiges d'aluminium, et celle d'Arvida, qui produit des billettes. L'Union européenne applique des droits tarifaires de 7% sur les tiges et de 6% sur les billettes, tandis que les lingots sont assujettis à des droits de 3%.

«Ça nous ouvre un marché qui n'était pas atteignable», a indiqué le porte-parole de l'entreprise, Brian Tucker.

Production

La capacité de production annuelle de tiges et de billettes de Rio Tinto Alcan n'est toutefois qu'une petite partie de sa production totale d'aluminium. Elle représente 288 000 tonnes sur 1,5 million de tonnes, soit 20%.

Alcoa fabrique aussi des tiges à Bécancour, avec une capacité de 81 500 tonnes sur un total de production québécoise de 1 million de tonnes par an.

Le Québec vend moins de produits transformés depuis la fermeture de deux usines spécialisées: Aleris à TroisRivières, en 2008, et Novalis à Saguenay, en 2012.

Le président de l'Association de l'aluminium du Canada, Jean Simard, estime tout de même que le projet d'accord de libre-échange avec l'Europe est une «occasion de croissance sans précédent pour l'industrie canadienne de l'aluminium». Il souligne toutefois que pour profiter de cette occasion de croissance, les alumineries doivent obligatoirement voir baisser leurs tarifs d'électricité.

Neuf des dix usines d'aluminium sont situées au Québec, l'autre étant à Kitimat, en Colombie-Britannique, dont le marché est surtout en Asie.

Un marché moins attrayant

Actuellement, 90% de la production des usines québécoises est exportée, presque en totalité aux États-Unis.

L'Europe n'est pas le marché le plus attrayant pour l'industrie de l'aluminium, qui estime que la croissance de la demande viendra surtout de la Chine, à raison de 12% par an. La croissance prévue est beaucoup plus modeste pour les marchés américain (5% annuellement) et européen (4% annuellement), selon les données de l'Association de l'aluminium du Canada.

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LE MARCHÉ DE L'ALUMINIUM

Droits de douane actuels

> Tiges: 7% >Billettes: 6% >Lingots: 3%

Exportations totales (2010)

> 5,7 milliards de dollars canadiens

Exportations aux États-Unis

> 4,9 milliards de dollars canadiens

-Source: gouvernement du Canada