L'or ne pousse pas dans les arbres, pourtant une étude publiée mardi montre que la détection de particules d'or dans des feuilles d'eucalyptus permet d'envisager une nouvelle technique pour localiser des gisements profonds de ce métal précieux très convoité.

On estime à quelque 174 000 tonnes la quantité d'or totale extraite depuis les origines de l'humanité, ce qui tiendrait dans un cube d'environ 21 mètres d'arête, selon le World Gold Council.

D'après les dernières données de la Société géologique américaine, les réserves minières d'or étaient estimées en janvier 2011 à 51 000 tonnes, un peu moins de 2500 tonnes étant extraites chaque année.

L'or est plus que jamais un métal précieux: son prix a augmenté de 482% entre décembre 2000 et mars 2013. Prisé en joaillerie et comme produit d'investissement, l'or est aussi de plus en plus utilisé dans l'industrie (dispositifs médicaux, téléphones et ordinateurs portables...).

Or, les découvertes de nouveaux gisements ont diminué de 45% ces dix dernières années, souligne l'équipe de Melvyn Lintern, de l'Organisation de la recherche scientifique et industrielle du Commonwealth (CSIRO, Kensington, Australie). Elle montre, dans Nature Communications, l'intérêt de techniques émergentes d'exploration, basées sur la faculté des végétaux à transporter les minéraux (biogéochimie).

Il n'existe à ce jour aucune preuve absolue que l'or est effectivement absorbé par les végétaux sur les gisements: les concentrations mesurées dans la végétation sont généralement très faibles et on ne peut exclure qu'il s'agisse de poussières d'or transportées par le vent.

L'équipe de Melvyn Lintern a notamment étudié les mécanismes du transport chimique de l'or (Au) sur un site australien, le Freddo Gold Prospect, où l'or repose à 35 mètres de profondeur. De grands eucalyptus de plus de 10 mètres de haut poussent au-dessus du gisement.

Les chercheurs ont utilisé un type d'imagerie à rayons X pour identifier des particules d'or naturelles dans les feuilles, les branches et l'écorce des arbres. Ils suggèrent que les racines des arbres puisent dans le gisement d'or situé à 35 mètres sous terre, à la recherche d'une source d'humidité dans des conditions de sécheresse.

Les concentrations les plus élevées ont été observées dans les feuilles. «L'or est probablement toxique pour les plantes et il est transporté vers les extrémités (comme les feuilles) ou des zones préférentielles à l'intérieur des cellules afin de réduire les réactions biochimiques délétères», ont-ils expliqué.

Le lien qu'ils ont ainsi établi entre le climat, la végétation et des réserves d'or souterraines pourrait jouer un rôle déterminant dans le développement de nouvelles méthodes d'exploration.

Selon les chercheurs, la confirmation de l'absorption biogéochimique de l'or «favorise la confiance dans une technique émergente», vis-à-vis de laquelle les explorateurs étaient jusqu'ici réticents.