La fin de l'enfouissement des matières résiduelles est prévue pour 2020 au Québec. Les entreprises qui réussiront à rentabiliser la transformation des déchets en énergie sont donc promises à un bel avenir. Beaucoup y travaillent avec acharnement partout dans le monde, et Innoventé pense avoir trouvé le bon filon.

La petite entreprise de Québec est devenue la semaine dernière le premier fournisseur d'Hydro-Québec en électricité verte générée par des matières résiduelles. Cette électricité de nouvelle génération vient de son usine de Saint-Patrice-de-Beaurivage, en Beauce.

Hydro a accepté de payer un prix de 12 cents le kilowattheure indexé à 2,13% par année pendant 25 ans pour cette énergie pas comme les autres.

Innoventé ne transforme par les matières résiduelles en gaz naturel, comme le font plusieurs autres technologies. Elle transforme les déchets en vapeur et en électricité qui est acheminée au réseau d'Hydro-Québec.

Le plus intéressant, c'est que le procédé n'exige pas de source d'énergie pour fonctionner. "À part pour les convoyeurs qui servent à acheminer la matière résiduelle, nous n'utilisons aucune source d'énergie», explique Richard Painchaud, président et fondateur d'Innoventé.

Ce sont les bactéries qui font le travail, précise le microbiologiste de formation. La matière première, des déchets organiques de provenance industrielle (forêt) ou municipale (boues de traitement des eaux usées), est séchée selon un procédé breveté qui utilise la chaleur générée par les bactéries.

Ce biocombustible séché est ensuite brûlé, et la vapeur produite est transformée en électricité. Le procédé génère aussi de la chaleur et des fertilisants dont Innoventé espère tirer des revenus supplémentaires.

Richard Painchaud a l'intention de construire deux hectares de serres à côté de son usine de Saint-Patrice-de-Beaurivage et de les louer aux producteurs de légumes qui voudront profiter d'une source de chaleur à bon marché.

Le prix payé par Hydro-Québec pour l'électricité d'Innoventé se compare à celui de l'énergie éolienne. Trop cher? Pas si on considère que c'est aussi une solution à l'enfouissement des déchets, qui coûte entre 50 et 100$ la tonne.

Inscrit à la Bourse

Les revenus provenant d'Hydro-Québec sont les premiers et les seuls pour l'instant de la PME inscrite à la Bourse de croissance TSX. Innoventé a deux autres usines de production en chantier, l'une à TroisRivières et l'autre à Matane. «On s'installe là où l'approvisionnement en matière résiduelle est le plus intéressant pour nous et là où l'aide gouvernementale est disponible», dit Richard Painchaud.

À Matane, Innoventé veut s'installer dans une ancienne cartonnerie délaissée par Smurfit Stone. «C'est la municipalité qui nous a fait signe», précise M. Painchaud. L'entreprise estime être en mesure de résoudre toute la gestion des matières résiduelles de Matane, y compris 15 000 tonnes de résidus de crevettes par an, qui seront transformées en électricité.

Des profits à venir

Les revenus d'Innoventé proviendront de la vente d'électricité à Hydro-Québec (75%), de la vente de chaleur (15%) et des fertilisants et autres (10%), prévoit son président.

Quant aux profits, ils ne sont pas pour demain, reconnaît-il. Mais le procédé breveté qu'il met au point est exportable et pourrait être vendu partout dans le monde. «Je n'ai aucun doute là-dessus», soutient Richard Painchaud.

Quelques investisseurs institutionnels ont déjà embarqué dans Innoventé. C'est le cas de la Caisse de dépôt et placement, de Fiera Capital et de Fidelity.

Siège social : Québec

Employés : 30

Exercice 2013

Revenus : nil

Perte: 1,5 million

Action (IGE.V) : 0,49$

Variation 53 semaines :

0,26$-0,55$

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> Vient de décrocher un contrat de 25 ans avec Hydro-Québec. Total : 20,6 mégawatts

> Possède une usine à Saint- Patrice-de-Beaurivage : 12 cents le kilowattheure payés par Hydro-Québec

> Deux usines en chantier : Trois-Rivières et Matane (Hydro- Québec payera 10,6 cents le kilowattheure dans les deux ca