La Commission européenne a proposé de taxer très sévèrement les producteurs argentins et indonésiens de biodiesel, accusés de dumping et déjà soumis à des taxes provisoires sur le Vieux continent, une mesure qui suscite l'inquiétude à Buenos Aires où la filière biodiesel est en crise.

À partir de la fin de l'année, l'exécutif européen envisage d'imposer des taxes définitives comprises entre 22 % et 25 % sur le biodiesel argentin, ont indiqué vendredi les professionnels argentins du secteur dans un communiqué.

Cela devrait se traduire par une taxe de 215 à 250 euros par tonne de biodiesel importé d'Argentine et de 120 à 180 euros par tonne pour celles en provenance d'Indonésie, a précisé l'organisation European Biodiesel board, qui représente de son côté 75 % des acteurs en Europe.

La Commission européenne a refusé de confirmer ces chiffres vendredi. Elle s'est contentée de rappeler que les parties impliquées avaient quinze jours pour faire part de leurs commentaires avant que la proposition soit soumise aux États membres, qui ont jusqu'au 28 novembre pour se prononcer.

Cette mesure a pour ambition de «défendre l'industrie européenne du biodiesel contre les pratiques déloyales des producteurs argentins et indonésiens» qui pratiquent des ventes à perte, selon les termes de la Commission. Elle a d'ores et déjà été saluée par la filière européenne.

Mais elle «sera prohibitive pour les exportations (de biodiesel) et fermera les portes du marché européen à l'Argentine», a réagi l'organisation représentant les industriels argentins des biocarburants. L'UE représente 90 % des débouchés à l'exportation de cette filière.

«Tous les canons sont pointés vers l'Argentine», a critiqué vendredi une source argentine, jugeant la situation «dramatique».

Bruxelles avait imposé en mai des taxes provisoires de 6,8 % à 10,6 % pour les importations d'Argentine et de 0 % à 9,6 % pour celles d'Indonésie. Ce qui a fait chuter les exportations argentines de 75 % par rapport à 2012, selon la filière. Les professionnels tablent sur 500 000 tonnes d'exportations en 2013 contre 2 milliards initialement.

L'Argentine est le premier producteur mondial de biodiesel, fabriqué à base d'huile de soja, avec une production de 2,5 millions de tonnes en 2012 (1,8 milliard de dollars), dont 1,6 à l'export, devant l'Indonésie et la Malaisie qui élaborent un biodiesel à base d'huile de palme.

La crise avait débuté en avril 2012 lorsque l'Espagne (qui importait la moitié du biodiesel argentin) avait mis un frein aux importations de ce carburant en représailles à la décision du gouvernement de Cristina Kirchner de nationaliser sa filiale YPF-Argentine, contrôlée par l'espagnol Repsol.