Le regroupement des alumineries canadiennes s'est attaqué lundi à une «légende urbaine» pour réclamer des tarifs d'électricité plus avantageux.

L'Association de l'aluminium du Canada (AAC) a soutenu qu'il faut plus de souplesse dans ses ententes d'approvisionnement avec Hydro-Québec.

À l'occasion du passage à Québec d'une commission dont les travaux serviront à élaborer la prochaine politique énergétique du Québec, l'AAC a exprimé ses inquiétudes.

Les concurrents étrangers des neuf alumineries du Québec bénéficient de tarifs d'électricité plus avantageux, a ensuite expliqué le président-directeur général de l'AAC, Jean Simard, lors d'un point de presse.

«On est l'endroit le plus cher au monde au niveau du coût de l'énergie pour la grande industrie dans le domaine de l'aluminium, après la Chine, a-t-il dit. Si on enlève la Chine, qui produit pour ses propres besoins, on devient l'endroit le plus cher au monde.»

Selon M. Simard, il faut dissiper l'impression que les grandes entreprises comme les alumineries bénéficient au Québec de coûts d'électricité parmi les plus bas.

«Ça fait partie des légendes urbaines du Québec, (...) c'est totalement faux», a-t-il dit.

Selon M. Simard, l'entreprise Alcoa, qui a des usines au Québec et aux États-Unis, est en position de constater la faiblesse des prix américains, où les réserves de gaz de schiste ont provoqué une baisse des coûts d'électricité, contrairement à ce qui se passe ici, où Hydro-Québec réclame des hausses de tarifs.

«Pourquoi on parle de survie, c'est que pour certaines usines, comme Baie-Comeau par exemple, ça fait en sorte que le décideur qui va choisir où il va investir pour poursuivre les modernisations, assurer la croissance, le premier facteur qui est pris en compte, c'est celui du coût de l'énergie, a-t-il dit. Or cette même entreprise aux États-Unis a signé un contrat d'énergie à 2,3 ou 2,5 cents kWh alors qu'ici on est à 4,2 cents le kWh. Je pense que la conclusion est très facile à tirer.»

M. Simard a expliqué que le tarif L d'Hydro-Québec, destiné aux grandes entreprises, «quand on le compare à la courbe des prix dans le monde, ne tient plus la route du tout».

Pour l'AAC, la survie du secteur de l'aluminium au Québec passe par une réduction de ses tarifs d'électricité, et par des ententes spéciales plus souples qui tiennent compte des prix de l'aluminium et du taux de change.

L'AAC veut profiter de l'échéance prochaine d'ententes d'approvisionnement en électricité pour lancer au gouvernement le message qu'il faut baisser les tarifs dont profitent le secteur de l'aluminium.

Le représentant de l'AAC a reconnu que des ententes spéciales qui viendront à échéance permettent actuellement aux alumineries d'abaisser le tarif d'électricité à environ 3 cents le kWh.

«La cible c'est d'être compétitif sur le plan mondial, ça ne veut pas dire d'être le plus bas, mais il faut être dans le premier quartile», a dit M. Simard.

Actuellement, 67 % de la capacité de production des alumineries québécoises repose sur de l'approvisionnement d'Hydro-Québec, Rio Tinto disposant de ses propres barrages au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Au total, la consommation du secteur de l'aluminium représente 3000 MW, soit 10 % de toute l'électricité de la société d'État.

Une porte-parole d'Hydro-Québec, Marie-Élaine Deveault, a expliqué que les ententes spéciales qui viennent à échéance entre 2015 et 2017 ont été renouvelées et que toutes les alumineries au Québec en bénéficient.

«Ces renouvellements sont faits à un tarif qui s'apparente aux conditions du tarif L, a-t-elle dit. Ce n'est pas le vrai tarif L mais c'est à peu près semblable.»

Le directeur du Syndicat des Métallos, Daniel Roy, a confirmé que la faiblesse des prix de l'aluminium est telle que des contrats de partage de risques doivent être négociés avec le gouvernement et Hydro-Québec.

«Quand ça ne va pas bien, que le prix de l'aluminium n'est pas bon, c'est sûr qu'on ne veut pas perdre nos emplois, a-t-il dit. Des contrats à partage de risque, je pense que ce serait à point présentement.»