La société minière Strateco conteste la définition d'acceptabilité sociale utilisée par le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, pour bloquer son projet d'exploration d'uranium dans le nord du Québec.

Le président et chef de la direction de l'entreprise, Guy Hébert, a affirmé lundi que par sa position, M. Blanchet accorde dans les faits un droit de veto aux Cris, qui sont opposés au projet.

En juin, le ministre a avisé Strateco [[|ticker sym='T.RSC'|]] de son intention de refuser le certificat autorisant l'exploration souterraine sur la propriété Matoush, au nord de Chibougamau.

Suivant la procédure prévue, l'entreprise a acheminé vendredi dernier ses observations en soutenant que M. Blanchet a tous les éléments nécessaires pour autoriser le projet. Selon M. Hébert, le concept d'acceptabilité sociale suffisante utilisé par le ministre n'est défini dans aucun document gouvernemental ou juridique.

Strateco soutient par exemple que si les élus cris sont opposés au projet, ceux de la conférence régionale des élus de la Baie James sont favorables.

«En plus, on utilise le mot «suffisant», qui est encore plus flou que l'acceptabilité sociale qui est déjà floue», a dit M. Hébert, lors d'une entrevue.

Selon lui, le ministre adopte une position contradictoire puisqu'il permet l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti sans se soucier de l'acceptabilité sociale.

«Il y a deux ou trois semaines, il a dit qu'il était trop tôt, dans le cas d'Anticosti, pour parler d'acceptabilité sociale parce qu'il faut d'abord faire des travaux d'exploration, pour avoir des informations et voir si on décide d'aller en phase d'exploitation, a-t-il dit. Nous, c'est exactement le même cas, et on croit que le ministre devrait tenir le même langage pour nous autres.»

De plus, Strateco ne sait pas si l'opposition des Cris est motivée par les craintes de contamination du lac Mistassini, au sud du projet, ou par le souhait de conclure une entente sur des redevances versées par l'entreprise, une étape qui survient habituellement plus tard dans le processus.

«Les Cris ont le droit d'être consultés, mais ils n'ont pas le droit de veto, a-t-il dit. Ça, c'est clair, clair, clair. Si le gouvernement se sert de ça comme unique raison pour dire non, il accorde un droit de veto aux Cris.»

Une fois reçues les observations de Strateco, M. Blanchet dispose de 30 jours pour rendre une décision finale quant au projet d'exploration.

L'an dernier, les autorités fédérales avaient donné leur autorisation au projet d'exploration de Strateco. Mais peu après, les Cris avaient dévoilé un rapport d'évaluation environnementale indiquant que le gouvernement du Québec ne pourrait l'autoriser sans leur accord.

En janvier, Strateco avait déjà amorcé un recours devant les tribunaux pour presser le gouvernement de rendre une décision dans le dossier, une procédure suspendue cet été le temps que le ministre tranche la question.

En mars, M. Blanchet a annoncé que le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) était mandaté pour évaluer les impacts de l'ensemble de la filière de l'uranium au Québec.