Le président roumain Traian Basescu a appelé lundi le gouvernement à retirer un projet de loi controversé ouvrant la voie à l'exploitation d'une gigantesque mine d'or par une entreprise canadienne à Rosia Montana, invoquant une absence de conformité avec la Constitution.

«La meilleure solution serait que le gouvernement retire du Parlement ce projet de loi», a déclaré M. Basescu au cours d'une conférence de presse.

Selon lui, le texte adopté fin août par le gouvernement du premier ministre Victor Ponta sera déclaré non conforme à la Constitution «car la loi fondamentale prévoit qu'on ne peut pas consacrer une loi à un cas précis», soit à un contrat de droit privé.

Également critiqué par le ministère de la Justice, ce texte donne un coup de pouce à la compagnie Rosia Montana Gold Corporation, détenue en majorité par la compagnie canadienne Gabriel Resources, qui prévoit d'exploiter 300 tonnes d'or et 1600 tonnes d'argent en utilisant de grandes quantités de cyanure.

Il autorise notamment cette entreprise à procéder à des expropriations au nom de l'État et à contourner plusieurs lois en matière d'urbanisme et de protection de l'environnement.

Gabriel Resources promet des centaines d'emplois, des retombées économiques importantes pour la Roumanie et le respect des normes environnementales.

Mais selon experts et archéologues, cette mine à ciel ouvert va entraîner la destruction de quatre montagnes et menace des galeries minières de l'époque romaine.

Dimanche, deux semaines après le début de manifestations quotidiennes contre ce projet, entre 20 000 et 25 000 personnes étaient descendues dans la rue à Bucarest et dans plusieurs autres grandes villes, appelant à «sauver Rosia Montana» et demandant la démission du gouvernement.

Devant la forte mobilisation des opposants, M. Ponta avait déclaré que ce texte serait sans doute «rapidement» rejeté par le Parlement.

Mais alors que des opinions divergentes coexistent au sein de la coalition au pouvoir, il a donné son accord à la création d'une commission parlementaire spéciale qui analyse le projet minier.

Selon M. Basescu, si le projet de loi n'est pas retiré, «ce sera un désastre», les débats au Parlement pourraient se prolonger pendant deux mois, «entraînant de fortes tensions au sein de la société».

Les deux chambres du Parlement doivent se réunir mardi pour décider de la mise en place de cette commission.