La compagnie canadienne Gabriel Resources (T.GBU) pourrait réclamer jusqu'à 4 milliards de dollars de dommages et intérêts à la Roumanie si un projet de loi accélérant l'ouverture d'une gigantesque mine d'or est rejeté, a indiqué mercredi son PDG à l'AFP.

«Si ce projet de loi est rejeté, notre compagnie transmettra une notification officielle à la Roumanie pour l'informer de son intention de commencer une procédure de contentieux en raison de violations des traités sur les investissements internationaux et réclamera jusqu'à quatre milliards de dollars (trois milliards d'euros)», a indiqué dans un mail à l'AFP Jonathan Henry.

Gabriel Resources ne précise toutefois pas à quelle instance elle veut s'adresser dans cette éventualité.

Gabriel Resources détient depuis 2000, à travers sa filiale roumaine Rosia Montana Gold Corporation, une licence d'exploitation de l'or et de l'argent de la zone située autour du pittoresque village de Transylvanie Rosia Montana.

Elle veut y ouvrir la plus grande mine d'or à ciel ouvert d'Europe et y extraire 300 tonnes d'or en utilisant une moyenne de 12 000 tonnes de cyanure par an.

Ce projet controversé est soumis entre autres à un avis crucial du ministère de l'Environnement pour lancer les travaux.

Le gouvernement du premier ministre social-démocrate Victor Ponta a adopté fin août un projet de loi facilitant les expropriations et l'obtention de permis pour accélerer l'ouverture de la mine.

Mais, face à la pression de milliers de manifestants descendus dans la rue tous les jours depuis dix jours et lâché par les libéraux, ses partenaires au sein de la coalition au pouvoir, M. Ponta a déclaré lundi que le projet de loi sera sans doute rejeté par le Parlement.

En cas de rejet, le projet pouvait continuer une procédure normale et plus longue pour obtenir les permis nécessaires.

Mais la ministre de l'Environnement Rovana Plumb a indiqué à l'agence Mediafax qu'un rejet au Parlement bloquera le projet.

Gabriel Resources promet des bénéfices économiques importants pour la région et 900 emplois durant les 16 ans d'exploitation de la mine tout en assurant qu'il respectera les normes environnementales européennes.

Scientifiques et défenseurs de l'environnement dénoncent les risques que fait courir l'utilisation de très grandes quantités de cyanure et de substances chimiques tandis que les archéologues mettent en garde contre une destruction partielle de galeries minières roumaines uniques.