Les cours du pétrole ont reculé lundi à New York alors que les investisseurs commençaient à douter de l'imminence d'une frappe américaine contre la Syrie susceptible de perturber l'ensemble du Moyen-Orient.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en octobre, qui avait grimpé vendredi à son plus haut en deux ans, a cédé 1,01 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 109,52 dollars.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a terminé à 113,72 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,40 dollars par rapport à la clôture de vendredi.

Le président américain Barack Obama «semble avoir du mal à trouver du soutien» pour une résolution autorisant le recours à la force contre le régime de Damas, a remarqué David Bouckhout de TD Securities. Aussi «l'éventualité d'une attaque armée n'est plus aussi grande que ce qu'on pensait initialement», a noté le spécialiste.

Un premier vote sur cette résolution doit avoir lieu au Sénat américain mercredi tandis qu'à la Chambre des représentants, les dirigeants républicains prévoient simplement un scrutin «dans les deux semaines».

Parallèlement la Russie, principale alliée du régime syrien, a aussi proposé lundi à Damas de placer son arsenal chimique sous contrôle international et de le détruire.

Cette proposition a été accueillie favorablement mais avec prudence par les États-Unis qui se méfient d'une tactique uniquement destinée à retarder l'échéance de frappes.

La Syrie ne produit que quelques dizaines de milliers de barils de brut par jour mais les marchés craignent qu'une intervention militaire ne déstabilise l'ensemble du Moyen-Orient, qui représente 35% des exportations pétrolières mondiales.

Le marché digérait par ailleurs des données mitigées en provenance de Chine, le deuxième consommateur mondial d'or noir.

«Le niveau de l'inflation correspond plus ou moins aux attentes des analystes et les chiffres sur les exportations sont meilleurs que prévu», a souligné Matt Smith, de Schneider Electric. Mais parallèlement, «les importations, et notamment les importations de brut, se sont révélées plus faibles qu'anticipé», a-t-il ajouté.

Les importations chinoises de brut ont en effet reculé de 18% en août par rapport à juillet, un repli en partie attribué au fait que juillet était un mois record.

Autre facteur pouvant peser sur les prix:  «Il semblerait que les négociations avancent en Libye et même si la situation est loin d'être résolue, ces progrès font espérer un retour à la normale», a noté M. Bouckhout.

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement est en effet en conflit ouvert avec un groupe de gardes qu'il accuse de chercher à détourner du brut, ces derniers accusant à leur tour les autorités de vendre du pétrole de façon irrégulière.

La production du brut a en conséquence chuté à moins de 100.000 barils par jour alors qu'elle s'établit, hors période de conflit, autour de 1,5 à 1,6 million b/j.

Le cours du Brent a aussi été tiré vers le bas, selon Tim Evans de Citi, par «le rebond de la production de pétrole en mer du Nord après la saison de maintenance sur les plateformes», qui a freiné l'exploitation du pétrole dans cette zone pendant quelques semaines.