Le pétrole a clôturé en forte baisse mardi à New York en l'absence de nouvelles inquiétudes sur l'acheminement du brut en Égypte et sur fond de doute sur l'avenir de la politique monétaire américaine.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en septembre a lâché 2,14 dollars à 104,96 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s'est repris avant la clôture, grappillant 25 cents pour s'établir à 110,15 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

Après plusieurs séances au cours desquelles l'actualité en Égypte a entraîné les prix à la hausse, «il n'y a pas eu aujourd'hui de nouvel événement sur ce front qui puisse nuire à l'offre», et donc renchérir le cours du pétrole, souligne Robert Yawger, de Mizuho Securities USA, en ce deuxième jour de baisse consécutive à New York.

«Les prix continuent à se réajuster», conclut-il.

«Sans parler du fait qu'on s'approche de la saison de transition», qui suit la période des grands déplacements d'été et précède celle des besoins en chauffage d'hiver, deux saisons constituant des pics pour la consommation de pétrole, fait valoir Phil Flynn, de Price Futures Group. «À moins qu'une menace de tempête ne se présente, les prix actuels sont bien trop surestimés dans ces conditions».

Actuellement en plein dans la saison officielle des ouragans, les États-Unis ne sont pas à l'abri d'une tempête pouvant atteindre les installations pétrolières sur les côtes du pays. Mais aucun avertissement météorologique n'est en cours en ce moment.

L'évolution du prix du baril était aussi suspendue au sort des mesures de relance de la Fed: plusieurs responsables ont évoqué la possibilité de les ralentir dès septembre. Une telle décision rendrait moins attractifs les actifs risqués, comme les matières premières, qui bénéficient de l'actuelle injection massive de liquidités par l'institution bancaire sur les marchés.

Selon Phil Flynn, cette décision de la Fed aurait aussi un impact négatif sur l'économie de pays émergents, comme la Chine et l'Inde, grands consommateurs de pétrole. Ceux-ci ont en effet largement bénéficié des liquidités américaines. S'ils subissaient un ralentissement, leur consommation de pétrole diminuerait, ce qui tirerait les prix vers le bas.

Une grande prudence régnait donc à la veille de la publication du compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC). Ces minutes pourraient fournir aux investisseurs des indices quant au futur des mesures de soutien de la Fed.

Même si les prix se dégonflent, l'offre reste soumise à des problèmes au Moyen-Orient, notamment en Libye où un conflit entre le gouvernement et des gardes d'installations pétrolières menace la production d'or noir.

Les principaux terminaux pétroliers du pays sont affectés depuis fin juillet par des mouvements de protestation qui ont paralysé leur fonctionnement, faisant baisser drastiquement la production à moins de 330 000 barils par jour avant de remonter à 670 000. La production quotidienne moyenne, en temps normal, s'établit autour de 1,5 million à 1,6 million de barils.