Les cours du pétrole coté à New York ont poursuivi leur envolée jeudi, propulsés par des données de bon augure pour la demande énergétique en provenance de Chine, d'Europe et des États-Unis.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en septembre, qui avait déjà grimpé de 1,95 dollar mercredi, a bondi de 2,86 dollars à 107,89 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a terminé à 109,54 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,84 dollar par rapport à la clôture de mercredi.

«Comme à la Bourse de New York, le marché pétrolier a été stimulé par un ensemble de données macroéconomiques de nature à alimenter l'appétit des courtiers pour le risque», selon David Bouckhout, de TD Securities.

En provenance de Chine tout d'abord: les autorités ont indiqué que la production manufacturière dans le pays, deuxième consommateur mondial de brut, avait légèrement progressé en juillet par rapport à juin, alors que les économistes tablaient sur une contraction.

Dans la zone euro, le secteur manufacturier a renoué avec la croissance en juillet pour la première fois en deux ans, un nouveau signe qui laisse espérer un début de reprise.

Et aux États-Unis, plusieurs indicateurs ont laissé augurer d'une reprise plus vigoureuse.

L'activité des industries manufacturières a ainsi accéléré plus que prévu en juillet et les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage aux États-Unis pour la semaine close le 27 juillet ont reculé à leur plus bas niveau depuis janvier 2008.

Combiné à l'annonce mercredi d'une progression plus forte que prévu du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis au deuxième trimestre, à 1,7% sur un an, cette dernière donnée «laisse entrevoir de bons chiffres dans le rapport mensuel sur l'emploi américain» attendu vendredi et particulièrement surveillé par le marché, a remarqué Matt Smith de Schneider Electric.

Autre facteur de nature à stimuler la demande en énergie selon Phil Flynn, de Price Futures Group: «Le marché s'inquiète aussi de risques de perturbations de l'offre» après l'annonce d'une chute de 70% des exportations de pétrole en Libye en raison de mouvements de protestation ayant conduit à la fermeture des principaux terminaux pétroliers du pays.

Cette chute des exportations est la plus importante depuis la reprise de l'activité pétrolière après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011.

La production de brut avait en quelques mois retrouvé quasiment son niveau d'avant-guerre (de 1,6 million de barils par jour), malgré un climat d'insécurité.

Les cours ont aussi continué à profiter de «la rhétorique très accommodante de la Fed», la banque centrale américaine, qui a réitéré mercredi son intention de poursuivre en l'état sa politique de soutien à l'économie, a noté M. Smith.

Les mesures de soutien de la Fed, qui passent notamment par des injections massives de liquidités dans le système financier américain (à hauteur de 85 milliards de dollars par mois), ont pour effet de stimuler les investissements dans les actifs les plus risqués, comme les matières premières, ainsi que de diluer la valeur du dollar.

La baisse du billet vert rend les achats de brut libellés en dollars plus attractifs pour les investisseurs munis d'autres devises.