TransCanada (T.TRP) confirme son intention de bâtir un pipeline qui reliera l'Alberta au Nouveau-Brunswick, une infrastructure qui traversera le Québec d'Ouest en Est.

L'annonce survient un mois après le déraillement mortel d'un train chargé de brut à Lac-Mégantic, une tragédie qui a relancé le débat sur la manière de transporter le pétrole vers les raffineries.

TransCanada avait lancé le projet «Énergie Est» en avril, menant d'abord une consultation auprès de l'industrie afin de mesurer l'intérêt pour l'oléoduc. La société confirme ce matin que l'intérêt est suffisant pour aller de l'avant avec la conduite d'une capacité de 900 000 barils par jour, soit plus encore que le pipeline Keystone XL vers les États-Unis.

«C'est une opportunité historique de connecter les ressources pétrolières de l'Ouest canadien aux consommateurs de l'Est canadien, créant des emplois, des retombées fiscales et une sécurité énergétique pour tous les canadiens pour les décennies à venir», a déclaré dans un communiqué le chef de la direction de TransCanada, Russ Girling.

L'excédent de pétrole qui n'est pas acheté par les raffineries canadiennes pourrait être exporté.

L'entreprise donnera des détails sur son projet cet avant-midi lors d'un appel conférence 

Si elle obtient le feu vert des autorités réglementaires, elle convertira son gazoduc transcanadien en oléoduc. Elle y ajoutera un nouveau pipeline d'environ 1400 kilomètres entre Corwall, à la frontière de l'Ontario et du Québec, et la raffinerie Irving de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

C'est cette même raffinerie que devait ravitailler le train de la Montreal Maine & Atlantic Railway, qui a explosé au centre-ville de Lac-Mégantic le 6 juillet.

La portion québécoise de la conduite suivra en partie les emprises de gazoducs existants. Mais le tracé n'est pas encore finalisé.

Pipeline ou train

Les producteurs albertains tentent depuis des années de trouver de nouveaux débouchés pour le pétrole dérivé des sables bitumineux. Un oléoduc vers l'Océan Pacifique, le Northern Gateway, s'est buté à une résistance farouche en Colombie-Britannique, y compris du gouvernement provincial.

Un autre projet, Keystone XL vers le Golfe du Mexique, est en suspens. Une décision de Barack Obama est attendue d'ici la fin de l'année, et le président américain a soufflé le chaud et le froid dans ce dossier au cours des derniers mois.

M. Obama a récemment exprimé des doutes sur le nombre d'emplois que le projet créerait, et affirmé que le Canada pourrait en faire davantage pour lutter contre les changements climatiques.

En réponse à cette sortie, l'ambassadeur du Canada à Washington, Gary Doer, a déclaré cette semaine que sans le pipeline Keystone XL, il faudrait recourir davantage au transport ferroviaire pour acheminer le pétrole vers les raffineries.

Le projet de TransCanada n'est pas le seul visant l'Est canadien. Enbridge projette également d'inverser le flux de son pipeline 9 entre North Westover, en Ontario, et Montréal. La capacité de cette conduite - 300 000 barils par jour - serait toutefois nettement inférieure à celle du projet TransCanada.

À Ottawa, le gouvernement Harper a accueilli avec enthousiasme l'annonce de TransCanada.

«Des initiatives comme celle-ci permettraient aux raffineries canadiennes de traiter beaucoup plus de pétrole canadien à des prix qui pourraient être plus bas, d'améliorer la sécurité énergétique du Canada et de rendre notre pays moins dépendants du pétrole étranger», a déclaré le ministre Oliver dans un communiqué.

Plus de détails suivront...