L'importante chute de prix des métaux précieux ces derniers mois met en péril plusieurs sociétés minières, soutient la firme Haywood Securities, de Vancouver. Certaines devront abandonner des projets d'expansion, et d'autres pourraient devoir fermer des exploitations devenues déficitaires alors qu'aucune mesure d'économie ne suffit à compenser la faiblesse des cours.

Selon l'analyste Alejandro Hoyos, les sociétés minières sous-capitalisées ayant des coûts de production élevés ou un haut niveau d'endettement sont particulièrement vulnérables si les prix pour leurs produits demeurent déprimés encore longtemps. Il cite nommément les producteurs de moyenne importance Lake Shore Gold, qui exploite deux mines d'or dans le site centenaire de Timmins (Ontario), et Endeavour Silver, qui produit de l'argent au Chili et au Mexique.

Les versements de dividendes, qui ont permis de maintenir l'intérêt des investisseurs pour les actions de producteurs de métaux précieux ces deux dernières années, sont aussi compromis.

D'après Alejandro Hoyos, les sociétés le plus sujettes à vouloir maintenir leurs capitaux sont la canadienne Pan American Silver et les étrangères Harmony Gold, Gold Resource, Sibanye Gold, DRDGold et Newcrest Mining.

Aurizon

L'analyste s'inquiète aussi pour le rendement en dividende de 0,3% de la société minière américaine Hecla Mining, qui vient de compléter l'acquisition de la québécoise Mines Aurizon dans une transaction réalisée en partie par échange d'actions.

Aurizon possède huit propriétés minières au Québec, incluant la mine d'or Casa Berardi en Abitibi-Témiscamingue, de même que plusieurs autres projets d'exploration et d'exploitation.

«Avec le net recul des prix de l'or et de l'argent cette année, les compagnies qui s'apprêtaient à offrir un dividende pour la première fois repensent leurs plans», ajoute l'analyste.

Haywood recommande aux investisseurs de se concentrer sur les producteurs dont les projets génèrent de grosses marges bénéficiaires, que ce soit en raison de grades supérieurs, de bas coûts en capital ou d'une bonne flexibilité opérationnelle. Et de citer les producteurs canadiens Eldorado Gold, B2 Gold, Brigus Gold, Luna Gold et Mandalay Resources.

La société Alamos Gold, qui avait fait une tentative d'achat hostile rejetée par Aurizon, est aussi donnée en bon exemple.

L'extraction de l'or et de l'argent s'avère de plus en plus coûteuse, en énergie comme en main-d'oeuvre.

Selon une étude récente de BMO Marchés des capitaux, si le coût au comptant d'extraction d'une once d'or n'est que d'environ 600$US l'once en moyenne pour les grands producteurs canadiens, l'opération apparaît déficitaire si l'on tient compte des frais d'administration, de la rémunération du capital et surtout des coûts d'exploration pour reconstituer les réserves («all-in sustaining cost»).

Le World Gold Council soutient un concept comptable semblable.