Le maire de Saint-Placide, Denis Lavigne, a reçu 15 000$ d'Enbridge pour améliorer l'efficacité du service d'incendie de sa municipalité. Un pot-de-vin pour obtenir son appui ou un cadeau pour l'en remercier?

Ni un ni l'autre, selon lui. « C'est une subvention, pas un cadeau. On a su par les pompiers de Saint-André-d'Argenteuil que l'aide existait. On l'a demandée et on l'a eue », explique le maire, qui assure ne pas avoir honte de ça. « Pas une miette », dit-il.

Saint-Placide n'est pas seule. Plusieurs autres municipalités au Québec et en Ontario situées à proximité du tracé du pipeline ont bénéficié de la générosité d'Enbridge.

Il s'agit d'un programme d'aide financière qui a été instauré par l'entreprise en 2002 aux États-Unis et en 2008 au Canada, et qui s'adresse aux communautés situées près d'un de ses pipelines. Son objectif est d'aider les premiers répondants, qui sont la plupart du temps les pompiers, à améliorer leurs services d'urgence, explique le porte-parole d'Enbridge, Éric Prud'homme.

Ce genre d'intervention a été vertement dénoncé par les environnementalistes, mais aussi par des maires qui l'ont refusé.

« De l'argent gratuit, je n'ai jamais vu ça, tranche Patricia Domingos, mairesse de Sainte-Justine-de-Newton. Je suis contrôleure en entreprise et je sais que de l'argent gratuit, ça n'existe pas. »

Pour elle, il est clair que ces "dons" d'Enbridge servent à faire pencher les conseils municipaux en faveur de ses projets.

Rares sont les élus municipaux, et même provinciaux, qui se sont mis en travers du chemin d'Enbridge. Ils pensent plus aux retombées économiques, aux emplois, aux taxes foncières. Montréal, par exemple, a publié un communiqué pour exprimer ses préoccupations en matière de sécurité et d'environnement, mais a réclamé en même temps une assurance de pouvoir bénéficier des retombées commerciales et économiques du projet d'Enbridge.

À Saint-Placide, la situation est plus claire. « Le pipeline est là depuis 1976, dit le maire Lavigne. C'est ça ou 300 camions à l'heure pour acheminer la même quantité de pétrole. »

L'argent d'Enbridge a servi à acheter une caméra thermique et à équiper un camion de pompiers d'un ordinateur, précise-t-il. « On ne dit pas non quand on a un budget de 2,2 millions. »